L’Algérie et le miracle éthiopien…
Quelle place occupe l’Algérie en Afrique à travers les indicateurs économiques ? Si l’Algérie est le plus grand pays du continent en superficie et compte d’immenses gisements de ressources énergétiques, notamment en gaz naturel, elle est en revanche «à la traîne» dans de nombreux domaines, comme le montrent divers indicateurs économiques. En matière d’innovation, l’Algérie compte, certes, des entreprises qui ont réussi, mais cela reste très insuffisant, le pays étant distancé par de nombreux Etats, à l’image du Kenya, de l'Afrique du Sud et du Nigeria qui sont considérés comme des hubs à start-up et où Microsoft, Facebook et Google investissent en masse dans la formation d’ingénieurs en informatique pour les embaucher en télétravail. Au Kenya, au Mozambique, à la RDC ou au Ghana, tout se paie avec le téléphone portable et la transaction se fait par simple courriel. Dans ces pays, les opérateurs téléphoniques font office de banques en ligne en adoptant un système innovant de microfinancement et de transfert d'argent par téléphone mobile. C’est très loin d’être le cas en Algérie, où l’accès à internet et aux services postaux et bancaires est précaire, comme l’indiquent les récurrentes et chroniques pénuries de liquidités. L’exemple le plus saisissant est sans doute l’Ethiopie qui possède pourtant beaucoup moins de richesses naturelles que l’Algérie. De la grande famine subie, il y a trente ans, au PIB qui croît de plus de 10% par an actuellement, un retournement spectaculaire s’est bel et bien produit ! Il y a 20 ans encore, l’Ethiopie était à la troisième position des pays les plus pauvres de la planète. Actuellement, l’Ethiopie s’est hissée parmi les pays à la croissance la plus rapide au monde. Comment s’est produit ce miracle éthiopien ? Ce miracle est avant tout lié au fait que l’Ethiopie est arrivée à éloigner le spectre d’un régime autoritaire, fléau chronique en Afrique. Ensuite, pour attirer les investisseurs étrangers, le gouvernement éthiopien met en avant une stratégie pertinente et des arguments concrets : la recherche permanente de l’intérêt général, une réglementation incitative, stable et au final payante. Avec une population de mieux en mieux formée, et avec de copieux investissements étrangers, notamment dans l’industrie, l’Ethiopie a réussi une remarquable émergence économique. L’industrie est bien le secteur qui s’y développe le plus rapidement. Considérée comme le nouvel atelier du monde, l’Ethiopie ambitionne de devenir le premier exportateur mondial de textile. Ce pays, qui est pourtant pauvre en pétrole, est devenu un exportateur des produits pétroliers et a misé sur le développement des chemins de fer. L'Ethiopie est aussi devenue le terreau d'un nombre inestimable de start-up dans les secteurs de la Fintech, du solaire et du e-commerce. Enfin, un autre facteur et pas des moindres : beaucoup de pays africains, qui ont réussi à émerger ces dernières années, ont misé sur le retour de leurs diasporas pour créer des entreprises. Bien formés, les jeunes accèdent rapidement à un poste de dirigeant dans leur pays d’origine. C’est, malheureusement, loin d’être le cas en Algérie.