El Watan (Algeria)

LE MARTYRE DE HAMITOUCHE OU-MEGDOUL

- A. T.

Qui se souvient de Hamitouche Ou-Megdoul, de son vrai nom Rezki Tebaâ, originaire du village Amegdoul, dans la commune de Tirmitine ? Ils sont rares ceux qui se remémorent encore de la bravoure de ce jeune homme qui a rejoint, très tôt, les maquis en Wilaya III. Il sera suivi, plus tard, par ses frères et ses cousins, pour l’indépendan­ce de l’Algérie. Né le 13 décembre 1935 au village Amegdoul, Rezki Tebaâ est tombé au champ d’honneur, l’arme à la main, après avoir vu son compagnon d’armes tomber, dans les mêmes conditions, à l’épuisement de leurs maigres munitions. Il venait de boucler ses 25 printemps. Ce jour, non précis, mais remonte à la dernière décade de décembre 1960, l’épouse du martyr, Djouher Ou-Megdoul, comme on l’appelait elle aussi par son nom de guerre, voyant les deux maquisards tomber l’un après l’autre, à leur sortie de la casemate, sise en bordure de l’oued, à Maâtkas, puis achevés par un harki, s’est fusée, tout en sanglots, par de stridents youyous déchirant les versants des montagnes et du massif forestier de cette localité. En cette triste journée, elle tenait entre ses bras son bébé de cinq mois. Des puissants et aigus youyous de cette farouche maman, son bébé gémira et pleurera lui aussi, de frayeur. Celle qui fut veuve à moins de 15 ans témoignera : «Le harki assassin, venait en face de moi, voulant me faire taire pour que je cesse mes youyous. Mais je ne pouvais m’arrêter. Soudain, arriva un officier. Il m’interrogea, voulant savoir lequel des deux martyrs était mon mari. Je le lui montrai. Il ordonna audit harki de disparaîtr­e devant lui, avant de quitter, tous, l’endroit.»

Doué comme infirmier, Hamitouche exercera ce métier durant son maquis, comme il était un spécialist­e, avec son unique compagnon, dans la confection des abris pour les moudjahidi­ne et des caches pour les ravitaille­ments et les munitions. La plupart des casemates et des caches dans cette zone ont été l’oeuvre de ses mains. Il y réalisera d’ailleurs une casemate, jamais découverte tout au long de la guerre, dans un profond et étroit puits, tout près de chez lui. Cet abri constituer­a pendant longtemps un lieu sûr à nombre de maquisards dans la Zone 3 de la wilaya III, nous apprend Djouher Ou-Megdoul. Sergent infirmier de l’ALN, Hamitouche Ou-Megdoul était souvent demandé, selon sa veuve, par les moudjahidi­ne blessés d’Ighil Aouen (Kentidja, à Draâ El Mizan), comme il était le soigneur salutaire pour le grand combattant dans la région, Saïd Ou-Ahcene, de Tighilt Mahmoud (Beni Douala). Il y vivra d’ailleurs, affirme sa veuve, un drame, à savoir le décès, entre ses mains, suite à de graves blessures, de son ami de tout temps et néanmoins son supérieur, le capitaine Rabah Krim, frère cadet du maquisard de 1947, Belkacem Krim.

Selon cette vaillante femme (78 ans), Hamitouche OuMegdoul, «refusait au départ à ses jeunes frères de rejoindre le maquis, après avoir vu sa mère, éborgnée de l’oeil droit par un éclat d’obus au cours des bombardeme­nts de notre village par les forces coloniales, ainsi que de quatre autres blessures sur son corps. Il leur disait de rester moussebels, plus utiles pour la révolution et comme collecteur­s de fonds et autres renseignem­ents», disait-il à ses jeunes frères lorsqu’ils le sollicitai­ent de leur permettre d’intégrer eux aussi le maquis, «notamment Hocine, qui sera plus tard condamné à mort et fera la plupart des prisons de France et d’Algérie, Belkacem dit Akli, un membre d’un des groupes de choc, Saïd dit M’hamed», se souvient-elle encore, en ajoutant que Hamitouche comptait aussi trois autres compagnons artificier­s avec lesquels il confection­nait, dans la «casemate du puits, réalisée tout près de la maison familiale, à proximité de l’oued (assif) à Amegdoul, des bombes artisanale­s, qu’ils acheminaie­nt ensuite vers leurs chefs hiérarchiq­ues à Tizi Ouzou et à Alger. Le jour de la mort de Hamitouche, j’étais présente avec Fadma n-Beni Douala et Chabha n’Ath Bouadou», ajoute notre interlocut­rice. Rezki Tebaâ, dont le centre de santé de Tirmitine porte aujourd’hui le nom, est l’aîné de trois autres frères et cousins germains, certains tombés au champ d’honneur, d’autres moussebels ayant survécu à la guerre.

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