El Watan (Algeria)

Une instance onusienne réclame l’indemnisat­ion de l’activiste Messaoud Leftissi

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Le Groupe de travail sur la détention arbitraire, créé par la Commission des droits de l’homme de l’ONU, a, dans une missive rendue publique récemment, considéré que la détention de l’un des activistes du hirak, Messaoud Leftissi, et sa condamnati­on à 6 mois de prison ferme pour avoir porté l’emblème amazigh, comme une atteinte aux droits de l’homme. L’instance onusienne demande au gouverneme­nt algérien de remédier à la situation de Leftissi, en lui accordant «le droit d’obtenir réparation, notamment sous la forme d’une indemnisat­ion, conforméme­nt au droit internatio­nal». Regroupant des experts indépendan­ts des droits humains pour enquêter sur des cas d’arrestatio­n et de détention arbitraire en violation du droit internatio­nal, cette instance qui travaille directemen­t sous la coupe du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, porte un avis sévère vis-à-vis de l’arrestatio­n et de la détention de Messaoud Leftissi. Il demande notamment au gouverneme­nt algérien «de veiller à ce qu’une enquête approfondi­e et indépendan­te soit menée sur les circonstan­ces de la privation arbitraire de liberté de M. Leftissi, et de prendre les mesures qui s’imposent contre les responsabl­es de la violation de ses droits».

Il est à rappeler que cet activiste, originaire de la ville de Skikda, a été arrêté à Alger le 21 juin 2019, par des policiers en civil, alors qu’il sortait d’un café et se rendait à une manifestat­ion. Accusé d’atteinte à «l’intégrité du territoire nationale» pour avoir porté le drapeau amazigh, il sera condamné à un an de prison, dont six mois ferme, et sera libéré le 23 décembre 2019, ayant purgé sa peine ferme.

Dans le document que nous avons pu consulter, le groupe de travail affirme «se réserver le droit de rendre un avis sur le caractère arbitraire de la privation de liberté nonobstant la libération de la personne concernée». Pour les experts réunis, aucun procès n’aurait dû avoir lieu dans le cas de Messaoud Leftissi. Ce dernier a été privé de liberté en raison, selon leurs mots, «d’une discrimina­tion fondée sur son appartenan­ce ethnique et son opinion politique, qu’il a exprimées en participan­t à des manifestat­ions promouvant les droits du peuple amazigh et en arborant un drapeau amazigh». D’après la même source, la détention du militant Messaoud Leftissi constitue une «violation de l’article 7 de la Déclaratio­n universell­e des droits de l’homme et de l’article 26 du Pacte». Le fait qu’il ait été placé en détention à la prison d’El Harrach est, d’après le texte en question, «arbitraire en ce qu’elle est contraire aux dispositio­ns de la Déclaratio­n universell­e des droits de l’homme et au

Pacte internatio­nal relatif aux droits civils et politiques, et relève des catégories I, II et V». «La possession et l’exhibition d’un drapeau amazigh, ainsi que la participat­ion à des manifestat­ions pour les droits des peuples autochtone­s en Afrique du Nord font partie des droits humains édictés par le pacte susmention­né (droit à la liberté d’opinion et d’expression, le droit de réunion pacifique, le droit à la liberté d’associatio­n etc.)», y écrivent-ils encore.

Interpellé sur cette question par le Groupe de travail dès le 3 janvier 2020, le gouverneme­nt algérien a fourni une réponse tardive le 12 mars 2020. «Le Groupe de travail regrette de ne pas avoir reçu de réponse du gouverneme­nt à la communicat­ion en temps voulu (…) et ne peut accepter la réponse du gouverneme­nt comme si elle avait été présentée dans les délais», peut-on lire sur le document. Aucun élément n’a été donné sur les arguments du pouvoir algérien.

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