Le phénomène des bidonvilles reprend dans la capitale
Malgré l’éradication de la majorité des bidonvilles dans la capitale, de nouveaux sites de baraquements ont récemment vu le jour.
Alors que l’on croyait que le problème de l’habitat précaire était en grande partie résolu dans la capitale, notamment dans la banlieue, des voix s’élèvent pour dénoncer une recrudescence de ce phénomène dans certains recoins reculés de la zone extra-muros. Alertés par les habitants de ces communes satellites, tout particulièrement ceux de Bordj El Kiffan, Birkhadem ou à Baraki, les walis délégués ont ordonné que l’on procède à un énième recensement.
Mercredi dernier, à titre d’exemple, le wali délégué de Bir Mourad Raïs s’est enquis de la situation précaire de plusieurs familles habitant dans un bidonville appelé «Mono», dans la commune de Birkhadem. Le constat est plutôt accablant. Il a été constaté que des baraquements et autres constructions de bric et de broc se sont dressés progressivement, au fur et à mesure que les opérations de distribution des quotas sociaux avancent. «Les premiers chiffres enregistrés par les éléments des équipes chargées dudit recensement ont de quoi inquiéter. Cette situation est malheureusement due à une baisse de vigilance des pouvoirs publics», confie un élu d’une municipalité de la banlieue d’Alger. Rassurant tout de même, l’élu rappelle que sur requête des commissions de terrain, les pouvoirs publics procèdent depuis quelques mois, dès l’avertissement, à la démolition des nouveaux baraquements.
A Kouba, commune périphérique du centre-ville, des baraques sont érigées depuis des décennies aux abords de la RN5, contiguës au cimetière de Garidi et à l’hôpital militaire de Aïn Nâadja. Plusieurs familles y vivent sans pour autant profiter des opérations de relogement entreprises par les services de la wilaya. A Dergana, dans la commune de Bordj El Kiffan, un nouveau phénomène de bidonville voit le jour. A la Cité Diplomatique, de nouvelles mansardes sorties de nulle part occupent désormais les espaces attenants aux immeubles. D’après un habitant de la localité, «l’année dernière, il y a eu une grande opération d’éradication qui a nécessité des efforts considérables. Pratiquement tous les espaces communs aux bâtiments ont été vidés de ces baraques. Sauf que le phénomène rejaillit dès que les services de contrôle ne viennent plus pour s’enquérir de la situation», explique-t-il. A l’est de la capitale, sur le prolongement de la RN24, à partir de la localité de Qahouet Chergui, d’autres bidonvilles poussent au grand jour, particulièrement celui qui se trouve au lieudit Cheb-cheb. Bien qu’éradiqué par les pouvoirs publics suite à une opération de relogement, cet espace non surveillé accueille d’autres occupants qui ont dernièrement érigé de nouvelles baraques, conférant au lieu la même configuration d’avant. «Ces baraques ont été construites en un temps record. Les matériaux de construction, tels que le parpaing, le ciment, le sable et les feuilles de tôle ont été déchargés de nuit juste avant le couvre-feu. Une baraque est construite en moins de 24 heures», nous confie notre interlocuteur. «Elle est même proposée au prix fort», ironise t-il. A Réghaïa, les services de l’APC ont recensé près d’une centaine de baraques au niveau d’un do-maine agricole (haouch) se trouvant au lotissement El Bey. Les services de la wilaya d’Alger font état de l’existence de près de 50 000 baraques dans la capitale. Cette donne ne prend évidemment pas en compte des nouvelles baraques qui viennent se greffer aux sites de bidonvilles déjà existants. Ce chiffre est continuellement en mutation, car de nombreuses nouvelles mansardes se construisent tantôt sur les sites éradiqués, tantôt sur de nouvelles parcelles. En l’absence d’une instance chargée de surveiller ces extensions opérées sur le périmètre du bidonville, les statistiques seront toujours erronées et le phénomène risque de prendre de l’ampleur.