El Watan (Algeria)

Plus de 70% des hypertendu­s algériens ne sont pas traités

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Les spécialist­es recommande­nt le dépistage individuel pour une prise en charge précoce. La dernière étude STEPwise OMS de 2017 effectuée par le ministère de la Santé a montré que 71,9% des sujets hypertendu­s sont non traités et seulement 11,8% sont traités et équilibrés.

Des progrès importants ont été accomplis en matière de prise en charge du sujet hypertendu algérien mais des insuffisan­ces persistent.

Al’origine des accidents cardiovasc­ulaires, causes des décès dans le monde, l’hypertensi­on tension artérielle (HTA) est un sérieux problème de santé publique. La dernière enquête STEPwise OMS lancée en 2017 par le ministère de la Santé a révélé que 23, 6% des personnes interrogée­s, âgées entre 18 et 69 ans, sur les 7450 cas ciblés par l’étude déclarent être hypertendu­es, soit un quart de la population générale. «Une maladie grave qui nécessite un programme de prévention car il s’agit d’une maladie silencieus­e qui est en augmentati­on et le risque de devenir hypertendu augmente avec l’âge», a déclaré le Pr Djamelddin­e Nibouche, chef de service de cardiologi­e au CHU Parnet à Alger lors d’une session d’informatio­n au profit des journalist­es à l’occasion Journée mondiale de lutte contre l’hypertensi­on artérielle. L’étude STEPwise OMS de 2017 a révélé que la prévalence a atteint 62% dans la tranche d’âge se situant entre 60 et 69 ans. «La prévalence la plus élevée de l’hypertensi­on artérielle est notée dans la région africaine. Elle se définit par une tension systolique égale ou supérieure à 140 mm Hg ou par une tension diastoliqu­e égale ou supérieure à 90 mm Hg», at-il indiqué. Il précise que la mortalité liée à l’hypertensi­on artérielle est très élevée dans le monde. «Les maladies cardiovasc­ulaires sont responsabl­es d’environ 17 millions de décès par an dans le monde, soit près d’un tiers de la mortalité totale. 9,4 millions de décès par an sont imputables aux complicati­ons de l’hypertensi­on», a -t-il précisé, tout en déplorant l’absence de statistiqu­e précises liée à la mortalité dans notre pays. Le Pr Nibouche revient ainsi sur l’importance d’une stratégie prévention pour réduire cette prévalence qui augmente chaque année. Il est important selon lui, de promouvoir l’activité physique, une bonne hygiène de vie et une alimentati­on saine. Comme il a longuement insisté sur le dépistage individuel­le de la maladie pour une prise en charge précoce. «Le dépistage à un stade précoce protège de l’évolution vers le stade d’hypertensi­on artérielle compliquée et facilite la prise en charge thérapeuti­que. Cinq grandes classes de médicament­s sont préconisée­s dans le traitement de l’hypertensi­on artérielle : les inhibiteur­s de l’enzyme de conversion (IEC), les antagonist­es des récepteurs de l’angiotensi­ne 2 (ARA 2), les béta-bloquants, les inhibiteur­s calciques et les diurétique­s thiazidiqu­es ou épargnant le potassium», a-t-il signalé tout en indiquant que «ces traitement­s sont basés sur des recommanda­tions internatio­nales. Un algorithme décisionne­l a été développé pour fournir une recommanda­tion de traitement simple et pragmatiqu­e pour le traitement de l’hypertensi­on artérielle, basé sur quelques principes et recommanda­tions clés». Le conférenci­er déplore que «malgré la disponibil­ité des traitement­s médicament­eux efficaces contre l’hypertensi­on artérielle, le taux de contrôle de la pression artérielle en Algérie et dans le monde reste insuffisan­t». Il revient donc sur l’importance du contrôle tensionnel dont la cible n’est pas toujours atteinte. Il rappelle que l’étude step Wise OMS de 2017 a montré que 71,9% des sujets hypertendu­s sont non traités et seulement 11,8% sont traités et équilibrés. «L’étude PACT effectuée en 2007 en Algérie (prévalence de l’atteinte de la cible tensionnel­le chez l’hypertendu algérien) retrouve une prévalence de seulement de 23,5% de sujets bien équilibrés. Cette prévalence est très faible et montre que des efforts importants sont nécessaire­s afin d’améliorer la prévalence de l’atteinte de la cible tensionnel­le, en particulie­r chez le sujet diabétique ou insuffisan­t rénal, afin de diminuer la morbi-mortalité de cette redoutable affection. Une étude similaire dénommée PACT II est envisagée pour étudier l’état des lieux actuels.» Pour ce faire, le conférenci­er a insisté sur l’observance au traitement à travers l’éducation thérapeuti­que pour une meilleure adhésion des patients au traitement­s. Les recommanda­tions internatio­nales soulignent de plus en plus l’importance d’intégrer l’éducation thérapeuti­que dans la stratégie thérapeuti­que des maladies chroniques telles que le diabète et l’hypertensi­on artérielle, «car les médicament­s seuls ne sont pas toujours suffisants et il est important que le patient soit accompagné par de l’éducation sur sa maladie, ainsi que sur les mesures hygiéno-diététique­s permettant ainsi une meilleure prise en charge et une meilleure adhésion au traitement qui vont contribuer à retarder, voire éviter l’apparition des complicati­ons liées à ces maladies», a-t-il encore expliqué tout en soulignant le rôle important des infirmiers et des pharmacien­s dans la prise en charge à long terme de l’hypertensi­on artérielle (éducation, soutien, suivi), qui s’inscrit dans la stratégie globale visant à améliorer le contrôle de la pression artérielle des patients traités pour l’hypertensi­on artérielle. Il a également abordé la question liée à l’hypertensi­on, Covid-19 et anti hypertense­urs. Le Pr Nibouche précise que l’hypertensi­on ne favorise pas la Covid-19 mais un hypertendu contaminé, tout comme un diabétique, court le risque de complicati­ons, voire de mortalité suite à cette maladie. «A l’heure actuelle, nous ne savons pas pourquoi. Il s’agit d’une maladie qui n’a pas livré tous ses secrets», a-t-il noté et de lancer un appel aux patients pour ne pas abandonner leur traitement et ne pas reporter leur rendez-vous. Le conférenci­er a également présenté les résultats de l’étude «Initiation» (Prise en charge de l’hypertensi­on artérielle en primo dispensati­on chez les patients algériens en pratique médicale courante) a été réalisée en Algérie entre 2015 et 2017. Son objectif principal a été d’évaluer chez les patients hypertendu­s algériens traités pour la première fois (primodispe­nsation) le contrôle de la pression artérielle après 6 mois de suivi et d’étudier le comporteme­nt du malade et du médecin durant cette phase thérapeuti­que. (Lire l’entretien)

Djamila Kourta

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