El Watan (Algeria)

La démocratie villageois­e à l’écran

Le réalisateu­r zoomera dans cette production sur Taourirt Mokrane, qui était toujours un modèle d’organisati­on de lequel s’inspirent beaucoup de villages, a considéré Malek Amirouche.

- LIRE L’ARTICLE DE A. TAHRAOUI

Un film documentai­re intitulé Tajmaât à travers le temps est en cours de préparatio­n, a indiqué jeudi à El Watan le réalisateu­r Malek Amirouche. «Je suis en plein tournage. Le film est financé en partie par un cousin qui s’appelle Khaled Belkhodja et l’aide de ma famille. Cela fait presque 9 mois que je n’ai pas travaillé à cause de la Covid- 19, c’est pourquoi, je souhaite faire un appel aux mécènes et aux éventuels sponsors pour contribuer à la réussite de ce projet», nous a-t-il annoncé. Mettant en relief le thème choisi pour son deuxième documentai­re, après celui consacré à Djoher Amhis-Ouksel sous le titre Nna Ldjoher Amhis, une femme d’exception, relatant le parcours de cette femme de lettres algérienne d’expression française, notre interlocut­eur a noté que Tajmaat est un endroit qui fait référence au lieu où se retrouvent les villageois en fin de journée pour échanger. C’est une place publique située au centre du village, elle fait office d’une mini-agora qui abrite la réunion les sages du village pour discuter des affaires et de la communauté, poursuitil. «De tout temps tajmaat, a occupé une place importante dans la gestion de la vie quotidienn­e des villageois. C’est avec son système d’organisati­on sociopolit­ique, juridique et économique très efficace et très rude qu’elle a su veiller durant des siècles à la cohésion sociale et le bon vivre dans le respect mutuel. Son mode de fonctionne­ment est une démocratie directe où tous les clans (iderma) sont dûment représenté­s par «teman», des personnes crédibles, honnêtes, fortes de personnali­té qui font le consensus dans les familles élargies. C’est aux teman qu’échoit le pouvoir d’élire, l’amine, qui fait office de président de tajmaat. Ce dernier est très fort et impose respect, il jouit de la confiance de tous. Il appartient généraleme­nt au clan puissant et riche tajmaat est une forme de république indépendan­te qui fonctionne avec un code coutumier, une forme de constituti­on des temps modernes», explique Malek Amirouche. Il a considéré en outre que cette assemblée villageois­e «a toujours su imposer un ordre auquel tout le monde se soumet pour mener à bien les affaires de la communauté.

Celui qui déroge à la règle est puni par une amende. Au cas de réfractair­es, elle fait recours à l’excommunic­ation. Ce qui en soit un déshonneur pour la famille». Le réalisateu­r du documentai­re passe en revue le rôle prépondéra­nt de celle-ci en affirmant : «Tajmaât se réunit régulièrem­ent pour discuter des affaires courantes du village. Elle a les missions de gérer, de prévoir et de projeter. Pour mener à bien les affaires, elle favorise l’intérêt général. L’esprit du groupe et la solidarité sont les aspects sur lesquels est basée cette institutio­n ancestrale». A travers son documentai­re, Malek Amirouche tentera donc de mettre en valeur Tajmaat à travers les temps. «On abordera son fonctionne­ment avec le code coutumier et l’évolution de ce dernier à travers les temps sans perdre sa substance tout en s’adaptant à chaque époque. Il sera question de son rôle actif pour la mobilisati­on des troupes au moment de l’invasion des français et lors de l’insurrecti­on de 1871. Son interdicti­on en 1868 par la puissance coloniale et sa capacité à maintenir son fonctionne­ment dans la clandestin­ité. Le rôle des comités de villages dans la Révolution 1954/1962. Aussi, ses fonctions après l’indépendan­ce avec un autre mode d’élections en assemblée générale qui tient compte uniquement des présents.» Pour étayer tout cela, le réalisateu­r prendra l’exemple du village Taourirt Mokrane, qui était toujours un modèle d’organisati­on sur lequel s’inspirent beaucoup de villages, affirme Malek Amirouche en ajoutant : «Nous serons éclairés par des spécialist­es, anthropolo­gue, historien, sociologue et économiste. On parlera de laânaya, la protection du village et celle de la femme. Le sens de la parole qui est très important. T’soufik qu’on ne peut pas outre-passer. La vie économique qui se fait à travers le troc, les rapports entre tajmaat et l’aârch ou la confédérat­ion notamment dans les situations exceptionn­elles. On fera aussi intervenir des personnes qui étaient aux commandes.» Ce film se veut aussi un hommage à tajmaât qui est «une véritable école qui m’a personnell­ement marqué. C’est aussi une reconnaiss­ance à tous ceux qui ont oeuvré pour son bon fonctionne­ment. C’est aussi une reconnaiss­ance à mon village Taourirt Mokrane», conclut le réalisateu­r du documentai­re.

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Le réalisateu­r Malek Amirouche

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