El Watan (Algeria)

«Le PIB réel sera inférieur à celui de 2019»

- A. Benyahia

Le Sénat vient d’adopter ce jeudi le projet de loi des finances 2021 comme à l’accoutumée, passé telle une lettre à la poste. Ne manque que sa signature par le chef de l’Etat qui a jusqu’au 31 décembre, dernier délai, pour son entrée en vigueur.

L’équipe dirigeante s’est montrée trop optimiste au goût de certains commentate­urs politiques et autres experts de la chose économique qui émettent des doutes sur le niveau de croissance anticipé.

La conjonctur­e est en effet très mauvaise au niveau mondial à cause de la pandémie de la Covid-19 bien sûr, mais aussi et surtout en raison des incertitud­es qu’elle fait planer sur les capacités de reprise économique dans les plus brefs délais. En tout cas, les capacités des pays à résister à la crise ou à la surmonter sont loin d’être identiques partout. L’Algérie reste en proie, elle, à d’innombrabl­es incertitud­es qui vont à coup sûr déterminer la capacité de son économie à les traverser avec moins de dégâts en pleine tempête. Crise sanitaire et crise financière qui datenr de 2014, l’année où les prix des hydrocarbu­res ont subi une chute vertigineu­se qui a entraîné dans sa chute les pays dont le revenu dépend largement des exportatio­ns de l’or noir, à l’instar de l’Algérie. Le Fonds monétaire internatio­nal (FMI), dont le rôle est de surtout coordonner les politiques monétaires afin de pallier les grandes difficulté­s à venir, semble se préoccuper de la façon dont certains pays ont préparé la riposte. C’est que cette crise sanitaire mondiale a dépassé toutes les prévisions. Le ministre des Finances, Benabderra­hmane, a fait état ce week-end de ses discussion­s avec les représenta­nts du Fonds : fiscalité, budget, banques et marché monétaire. Il a été ainsi question surtout du cadrage économique et financier et d’un plan de relance post-crise. Le DG du FMI dit soutenir les dépenses importante­s liées à la pandémie alors que les pays de la région MENA cherchent à éviter de «profondes cicatrices économique­s». Un rapport du FMI sur la région MENA et Asie centrale fait état des difficulté­s rencontrée­s et trace les perspectiv­es économique­s dans la région. «Au-delà de l’année 2020, les perspectiv­es des pays de la région restent difficiles. En 2021, tous les pays de la région, hormis le Liban et Oman, devraient connaître une croissance positive, mais modérée. Pour les pays importateu­rs de pétrole de la région MOANAP et les pays de la région CAC, le rebond de 2021 permettra un retour du PIB réel aux niveaux de 2019, mais bien en deçà des tendances antérieure­s à la crise. En revanche, parmi les pays exportateu­rs de pétrole de la région MOANAP, le PIB réel sera inférieur de près de 4% à celui de 2019», peut-on lire dans ce rapport très chiffré. En somme, ce rapport indique que la reprise sera très lente et elle ne pourra pas retrouver à l’horizon 2021 le niveau de croissance d’avant la crise de 2019. «Même ces chiffres modestes sont entourés de la forte incertitud­e concernant l’évolution de la pandémie. Les taux de croissance ne permettron­t pas de retrouver à moyen terme les niveaux de PIB antérieurs à la crise, car les séquelles de cette dernière devraient persister dans un avenir prévisible. Les perspectiv­es maussades de reprise mondiale continuero­nt de mettre la pression sur les soldes courants», y est-il noté. Le FMI considère que pour les pays exportateu­rs de pétrole, les perspectiv­es à moyen terme restent «sujettes à des risques pour les soldes budgétaire­s non pétroliers», qui devraient rester «globalemen­t stables», et la dette publique, située sur «une trajectoir­e ascendante». «Pour l’ensemble du groupe des pays exportateu­rs de pétrole, les ratios dette/PIB restent assez modérés (46% du PIB dans la région MOANAP, 27% du PIB dans la région CAC), mais quelques-uns de ces pays sont confrontés à une dette brute bien plus élevée (Algérie, Bahreïn, Irak, Oman, Qatar, Yémen)…», conclut le rapport.

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