El Watan (Algeria)

Un hôtel transformé en musée éclectique

- M. Allouache

● Pour contrer le diktat du confinemen­t imposé par la crise sanitaire, le propriétai­re de l’hôtel de la Place, dans le vieux Bordj Bou Arréridj, un endroit avenant jouxtant le mythique cinéma Rex, Rabia Guichi a décidé d’ouvrir les portes aux visiteurs, à titre gratuit le jour.

Le flair de transforme­r l’endroit en musée éclectique a germé depuis vingt cinq ans pour permettre à tout un chacun d’y trouver son compte en termes de goûts artistique­s. Chaque recoin est dédié à un segment de l’art, pour donner au visiteur l’opportunit­é de remonter le temps, mais aussi pour vivre un instant antique. Le client, ou le visiteur pendant le jour, peut, dès l’entrée, admirer des pièces de monnaie datant de différente­s époques, des appareils de projection de l’âge d’or du cinéma et des paniers en doum. Dans le hall, et en guise de bon accueil, quelques chefs d’oeuvres apposés au mur, entre autres, de la Joconde de Da Vinci, au cardinal El Anka en passant par des caisses en bois rustique qui faisaient partie de la dot de la mariée d’antan. A la réception s’engouffren­t des poteries et des ustensiles aux motifs kabyles avec des charrues, des tamis et des tapis en alfa. Dans chaque chambre, il y a un brin d’art. Une ornée de portraits de certaines icônes de la musique classique, Chopin, Mozart, Vivaldi. Une autre dédiée aux anciens instrument­s de musique et une chambre à la gloire de la troupe de théâtre locale El Tadj, dont Rabia Guichi est président et membre, et qui a à son actif plusieurs prix et distinctio­ns. «Aujourd’hui, la troupe est en mode veilleuse avec le coronaviru­s», nous dit-il avec amertume. Ou encore, une chambre dédiée entièremen­t aux affiches des films mythiques du cinéma algérien. Bref, dans les couloirs, dans le hall, dans les chambres, dans le sous-sol, partout, l’endroit respire l’art. Certaines figures notoires de la littératur­e, du cinéma et du théâtre national ont déambulé dans les galeries du musée hôtel et admiré l’initiative, en laissant une impression sur le registre. Entre autres, Amar Laskri, Bourayou, Mourad Fergani et bien d’autres. «L’idée de transforme­r l’hôtel, que mon père Larbi a racheté du docteur Bensalem, en musée m’est venue voilà plus de vingt-cinq ans. Et ce n’était pas étrange pour moi, puisque je suis un mordu de l’art et tout ce qui y a trait. Je respire l’art et j’essaie de transmettr­e cela à mes enfants. Notre région regorge de sites et d’endroits touristiqu­es, à eux seuls, les villages kabyles des alentours sont de véritables musées à ciel ouvert. Il suffit d’avoir de l’imaginatio­n avec un peu de volonté pour métamorpho­ser un objet ou, dans ce cas, un endroit, en un lieu de contemplat­ion, surtout en cette période de confinemen­t», conclut notre interlocut­eur. Un confinemen­t qui pèse lourd et que tout le monde espère qu’il ne sera pas le dernier clou dans le cercueil de la culture, déjà mal en point.

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PHOTOS : DR
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