PREMIÈRE VICTOIRE POUR LES «GRÉVISTES DE LA RECHARGE»
L’Autorité de régulation des télécoms togolaise a donné raison à la société civile dans son combat contre les deux opérateurs mobiles du pays. Celle-ci obtient satisfaction sur l’une des principales revendications qui l’avaient conduite à proclamer, le 16 août dernier, la «grève de la recharge»: la réduction du coût des appels. Ce n’était qu’un tir de sommation, mais il sonne déjà comme une victoire.
C’est du moins le sentiment partagé, au Togo ce 26 novembre, par nombre d’usagers de téléphonie mobile après les réductions de tarifs décrétées la veille par les deux opérateurs du pays. Ceux-ci ont dû baisser de 30% le coût de la minute d’appel, de même qu’ils ont décidé d’aligner leurs tarifs de communication après des pressions de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep-Togo), qui les menaçait de sanctions. Cette autorité publique indépendante, qui a un droit de regard sur la mise en oeuvre des cahiers des charges des compagnies de télécoms installées dans le pays, a donc donné raison aux «grévistes de la recharge». En août dernier, trois associations de la société civile et des activistes du web avaient appelé les clients des opérateurs à ne plus recharger leur forfait téléphonique. Outre la journée morte du 16 août, une pétition avait été signée par des milliers de Togolais et adressée aux autorités pour réclamer cette réduction du coût de la communication jugé trop cher comparé aux pays de la sousrégion.
En cause, l’opérateur historique TogoCom – détenu, depuis sa privatisation en
2019 à 51% par un conglomérat malgache Axian, dirigé par la famille Hiridjee, et le fonds d’investissement panafricain Emerging Capital Partners – et l’opérateur Atlantique Télécom (Moov), une filiale du groupe Maroc Telecom. Ces deux acteurs de la téléphonie mobile ne semblaient pas prendre en considération les réclamations de la société civile au nom de leurs 2 millions de clients et ils se nourrissaient jusque-là du silence des autorités du pays. Mais en ce début novembre, la forte pression exercée par l’Arcep, qui les sommait de corriger, sous peine de sanctions, les pratiques de différenciation des tarifs des communications, considérées comme une «violation de leurs cahiers des charges», a sonné une première victoire au profit des «grévistes de la recharge». En réaction, les deux opérateurs de téléphonie mobile ont procédé à l’alignement de leurs tarifs de communications intra et interréseau (...).