Le MAE fustige la résolution du Parlement européen
L’intensification de la répression en Algérie inquiète par-delà les frontières. Le Parlement européen a adopté, jeudi dernier, une résolution d’«urgence» et non contraignante, qui souligne «la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie» et attire l’attention sur le cas du journaliste incarcéré Khaled Drareni, condamné à deux ans de prison le 15 septembre. Comme il fallait s’y attendre, le ministère algérien des Affaires étrangères (MAE) a dénoncé, avant-hier, «le contenu outrancier» de la résolution du Parlement européen sur la situation des droits de l’homme en Algérie. «Le Parlement européen a cru devoir adopter, selon une procédure dite d’urgence pour le moins douteuse, une nouvelle résolution sur la situation en Algérie», a déploré le ministère dans un communiqué de presse, cité par l’APS. «Le contenu outrancier (de la résolution) se résume à un chapelet d’injures et d’avanies à l’endroit du peuple algérien, de ses institutions et de l’Etat algérien», a fustigé le ministère algérien. L’Algérie «condamne avec force cette résolution qui ne peut avoir pour conséquence que de porter atteinte aux relations de l’Algérie avec ses partenaires européens», lit-on dans le communiqué du MAE. Dans sa réaction, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé des «accusations fallacieuses» et un texte «foncièrement haineux et teinté de paternalisme» qui dénote «une hostilité avérée digne de la période coloniale». L’Algérie «ne saurait donc accepter qu’une institution européenne, fûtelle élue, s’immisce de manière aussi grossière et inadmissible dans ses affaires intérieures», d’après le communiqué.
Le Parlement européen a voté, jeudi denier, une résolution sur la détérioration des droits de l’homme en Algérie. Dans sa résolution, le Parlement a condamné «fermement l’escalade des arrestations et détentions illégales et arbitraires et du harcèlement judiciaire dont sont victimes les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme, les syndicalistes, les avocats, les membres de la société civile et les militants pacifiques en Algérie». Les eurodéputés ont réclamé la libération de 90 prisonniers du hirak, dont le journaliste Khaled Drareni. La résolution, qui se réfère aux dispositions de l’accord d’association Algérie-UE de 2005 et les déclarations onusiennes, a appelé les autorités algériennes à respecter «leurs engagements internationaux en la matière».
Dans un communiqué commun, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) et 15 organisations de la société civile ont estimé que ce vote est un «signal important face à l’intensification» de la répression.
Le Parlement européen avait déjà voté une résolution similaire sur la situation critique des libertés en Algérie il y a juste un an, le 28 novembre 2019. Les élus avaient alors demandé à la Commission européenne et au service européen d’action extérieure de suivre de près la situation des droits humains dans le pays.