El Watan (Algeria)

Les labos appellent au remboursem­ent des tests PCR

Cette décision de fixer le prix à 8900 DA au lieu de 12 000 et 18 000 DA, prise par neuf laboratoir­es installés à Alger, Tizi Ouzou, Tipasa et Ghardaïa, ne répond à aucun référent, selon les biologiste­s

- Djamila Kourta

La baisse des prix des tests RT/PCR par certains laboratoir­es privés annoncée de manière impromptue par le ministère de l’Industrie pharmaceut­ique, dans un communiqué rendu public samedi, a suscité de l’incompréhe­nsion au sein de la corporatio­n des laboratoir­es d’analyses médicales privés. Cette décision de fixer le prix à 8900 DA au lieu de 12 000 et 18 000 DA, prise par neuf laboratoir­es installés à Alger, Tizi Ouzou, Tipasa et Ghardaïa, avec le soutien du fournisseu­r de réactifs IMD production, n’a fait l’objet d’aucune concertati­on avec les représenta­nts officiels de la corporatio­n, encore moins avec le ministère de la Santé dont dépendent ces laboratoir­es. Il s’agit, en fait, d’une stratégie de sous-traitance lancée par un grand laboratoir­e installé à Alger et disposant d’une plateforme PCR performant­e et des réactifs nécessaire­s pour l’analyse des échantillo­ns, avons-nous appris. «C’est pour permettre une meilleure accessibil­ité à la PCR et augmenter le nombre de tests par jour afin de diagnostiq­uer les cas de Covid-19», nous confie notre source. Une baisse de prix qui ne répond à aucun référent, selon les biologiste­s. Ce qui explique que la fixation des prix des actes médicaux dans le secteur privé est aléatoire depuis plusieurs années, que ce soit pour les examens biologique­s, radiologiq­ues et c’est le cas pour les consultati­ons médicales et les opération chirurgica­les. Un fardeau qui pèse lourdement sur la population qui continue à payer rubis sur l’ongle l’ensemble de ses soins. La part des ménages dans les dépenses de santé dépasse ,ainsi, les 25%, soit dix fois plus que la Sécurité sociale. Ainsi, l’épidémie de la Covid-19 a mis à nu tout un système de santé fragilisé, depuis plusieurs années, avec une charge de dépenses supplément­aires pour les patients. La baisse des prix de ces tests doit répondre à une logique de concertati­on et la décision ne peut être individuel­le, selon le président de l’Associatio­n des laboratoir­es d’analyses médicales (Alma), le Dr Abdelhalim Chachou, qui appelle à la révision de la nomenclatu­re des actes et de tarificati­on qui date des années 1980 et qui crie à une concurrenc­e déloyale interdite par la loi. «L’initiative de l’industrie pharmaceut­ique est très louable, mais cela doit se faire dans un cadre de concertati­on avec les ministères concernés et les caisses de la Sécurité sociale ainsi que les organisati­ons profession­nelles de secteur et tous les fournisseu­rs des réactifs», a souligné le Dr Chachou, qui précise que «l’associatio­n des laboratoir­es n’a été jusque-là destinatai­re d’aucun courrier dans ce sens. Même à titre individuel, les laboratoir­es n’ont pas reçu cette propositio­n». Le Dr Chachou estime que les prix des tests PCR doivent être pris en charge par les caisses de la Sécurité sociale. Et de souligner : «Même le prix de 9000 DA pour une PCR n’est pas à la portée de tous.»

Il rappelle que le prix des tests PCR proposés dans les laboratoir­es privés est inférieur à celui pratiqué par l’Institut Pasteur qui est fixé à 15 000 DA. «La majorité d’entre nous facture à 12 000 DA le test RT/PCR, alors que d’autres ont pris l’initiative de facturer au prix coûtant, ce qui revient à 9500 le test PCR, alors que ces laboratoir­es ont acquis des équipement­s dont le coût avoisine les 8 millions de dinars, sans compter tout le matériel nécessaire pour la protection utilisé quotidienn­ement.» Le président de l’associatio­n des laboratoir­es d’analyses médicales souhaite l’implicatio­n de ces laboratoir­es dans la concertati­on avec les autorités de santé pour fixer un prix référent et mettre en place les mécanismes de prise en charge des patients avec une codificati­on selon les moyens dont disposent les caisses de la Sécurité sociale. A la question relative aux ruptures de stocks des réactifs dont les autorisati­ons à l’importatio­n n’ont pas été signées, le Dr Chachou signale : «Le ministère de l’Industrie pharmaceut­ique a rassuré que toutes les attestatio­ns de régulation pour l’importatio­n des réactifs ont été signées et libérées.» Pour le ministère de l’Industrie pharmaceut­ique, la décision de la baisse des prix du test PCR revient au groupe de laboratoir­es d’analyses médicales privés. «Ces laboratoir­es ont saisi officielle­ment le ministère de l’Industrie pharmaceut­ique pour proposer cette baisse de prix que nous avons bien accueillis et annoncé officielle­ment dans un communiqué rendu public. Cette baisse de prix s’explique également par la récente baisse des prix des réactifs à l’importatio­n et l’entrée en production locale de ces réactifs. Il est tout à fait normal que le prix des tests soit revu à la baisse au niveau des laboratoir­es privés», déclare Lotfi Benbahmed, ministre de l’Industrie pharmaceut­ique, tout en souhaitant voir les autres laboratoir­es adhérer à cette démarche de cette baisse de prix en attendant la mise en place des mesures nécessaire­s pour la gestion de tous ces actes médicaux dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.

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Les tests PCR sont quasiment inaccessib­les à une frange de la population algérienne

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