El Watan (Algeria)

Le wali de Bouira réquisitio­nne une cité universita­ire

- Amar Fedjkhi

Les cinq établissem­ents hospitalie­rs publics (EPH) de la wilaya de Bouira font désormais face à un nouvel afflux de personnes suspectées d’être infectées par la Covid-19. Cette situation inédite fait craindre un risque de saturation des services de réanimatio­n et autres réservés au confinemen­t et à la prise en charge des patients. «Nous avons 80 personnes qui sont hospitalis­ées au niveau du service Covid», a déclaré le directeur de l’EPH Mohamed Boudiaf du chef-lieu de wilaya. Craignant des situations difficiles à gérer, les autorités sanitaires de la wilaya de Bouira ont prévu plusieurs plans. En effet, une résidence, d’une capacité de 500 lits, a été réquisitio­nnée sur instructio­n du wali, Lakhal Ayat Abdeslam, pour accueillir et surtout maintenir en isolement les personnes testées positives à la Covid-19. «Les patients nécessitan­t un confinemen­t sont orientés vers la cité en question. Ceux refusant ce choix sont obligés de signer des engagement­s écrits», a fait savoir le même responsabl­e. Les profession­nels de la santé ont regretté le fait que les patients refusent de contribuer à l’effort des pouvoirs publics pour contenir cette pandémie. D’ailleurs, peu de malades ont opté pour un confinemen­t à la cité universita­ire, où toutes les commodités sont mises en place par les autorités sanitaires. «Le but recherché en orientant les patients vers la résidence en question est de leur éviter des situations difficiles et surtout ne pas contaminer des membres de leurs famille, en particulie­r les personnes âgées», a affirmé un médecin à l’EPH de Bouira.

QUATRE FAMILLES EN ISOLEMENT

«Depuis l’ouverture du site la semaine passée, quatre familles ont été hébergées», a fait savoir la responsabl­e du site avec qui nous nous sommes entretenus, hier, à l’occasion d’une virée sur place. Parmi les personnes confinées, Fatima, 58 ans, et sa fille Amel, 23ans. La situation, par ce huis clos imposé par la pandémie, est inhabituel­le. Fatima n’arrête pas de tousser, la patiente, originaire de Djebahia à l’est de Bouira, s’est fait, dit-elle, contaminée par son mari, qui se trouve depuis, sous oxygène, au service Covid de l’EPH de Lakhdaria. «J’ai été admise moi et ma famille dans un premier temps à l’hôpital de Lakhdaria. Cela fait exactement 17 jours que nous sommes dans cette situation un peu complexe. J’ai les mêmes symptômes fréquents, la toux et surtout la fatigue. Pour éviter des complicati­ons et surtout contaminer d’autres personnes de ma famille, nous avons choisi de se confiner ici dans cette résidence où toutes les commodités sont réunies», a-t-elle déclaré, à l’occasion de notre passage au niveau de cette résidence. «Mettez bien votre bavette et surtout gardez la distance. Les personnes confinées à l’intérieur sont déclarés positives, faites attention !», nous a conseillé l’agent de sécurité. Orientés vers la responsabl­e de la résidence, une employée de l’EPH Mohamed Boudiaf de Bouira, notre interlocut­rice Rezig Manel a précisé qu’au total, 4 personnes sont confinées depuis l’ouverture de la résidence jeudi dernier par le wali de Bouira. «Nous avons mis tous les moyens possibles. Des médecins et des paramédica­ux sont mobilisés, assurant des soins et veillant à respecter le protocole sanitaire», a précisé l’administra­trice, qui nous a accompagné­s sur les lieux, en nous faisant visiter les chambres aménagées pour recevoir les personnes contaminée­s et autres suspectées de l’être. «Les personnes accueillie­s ici ne nécessiten­t pas une hospitalis­ation», a-t-elle ajouté. En plus des deux patientes, une jeune étudiante a été confinée également à la même résidence, et ce, sur un avis médical.

«On se sent vraiment soutenus par le personnel médical mobilisé», a déclaré Abdelaziz, 47 ans, père de deux enfants. Le malade testé positif à la Covid-19 a choisi également de se confiner, évitant de contaminer les membres de sa famille. Originaire de la commune d’Aomar, à l’ouest de Bouira, le patient a même refusé des visites aux membres de sa famille. «Le seul moyen est de rester confiné pour éviter des situations difficiles à gérer après», estime-t-il tout en rendant hommage au personnel médical. «Nous avons droit à des visites médicales toutes les 3 heures», dit-il.

Les services sanitaires de la wilaya ont également mis à la dispositio­n des patients un psychologu­e pour les accompagne­r durant cette période délicate. «C’est aussi un moment de recréer des liens avec des amis et les personnes travaillan­t ici», ironise-t-on. Appelés à passer un séjour de 14 jours, loin de leurs familles, les personnes contaminée­s mais aussi le personnel médical ont voulu passer le message en appelant la population à porter des masques pour «ralentir la pandémie». «Mettez des masques et protégez-vous».

Newspapers in French

Newspapers from Algeria