El Watan (Algeria)

Alif, une associatio­n qui favorise l’insertion des enfants

Cet organisme a pour but de favoriser l’insertion scolaire et sociale des personnes atteintes de trisomie 21, des autistes et autres personnes aux besoins spécifique­s Selon la responsabl­e, malgré les efforts consentis par l’associatio­n, les parents et le

- Rachid Larbi

Les enfants aux besoins spécifique­s représente­nt toujours le parent pauvre du système éducatif. Ces enfants atteints de trisomie 21, d’autisme et autres troubles mentaux souffrent toujours de la marginalis­ation des autorités, qu’elles soient locales, de wilaya, de ministère ou même par la société. Cette marginalis­ation des pouvoirs publics est devenue le combat des parents. C’est à ce titre que des associatio­ns naissent grâce à la bonne volonté des parents qui n’ont pour seule préoccupat­ion que le bien-être de leurs enfants afin de leur garantir une insertion sociale et scolaire.

Dans la capitale, l’associatio­n Alif fait de cette frange vulnérable d’enfants son cheval de bataille. Figurant parmi une liste maigre d’associatio­ns, elle essaye de donner aux enfants ainsi qu’aux parents le soutien adéquat. Alif continue son petit bonhomme de chemin contre vents et marées. En 2003, elle avait créé l’une des premières écoles Tamani pour les trisomique­s. Selon sa directrice, Mme Hamada, l’objectif est «de garantir une insertion dans le milieu profession­nel en offrant aux enfants un programme adapté ainsi qu’une formation profession­nelle de qualité qui rivalise avec celle des écoles convention­nelles». Cependant, elle n’omet pas le fait que l’argent, nerf de la guerre, représente un vrai problème pour ces associatio­ns qui essayent tant bien que mal d’offrir un avenir à ces enfants. «Notre école accueille une grande frange de trisomique­s. Aujourd’hui, nous comptabili­sons 180 cas inscrits. Nous souhaiteri­ons faire mieux et en accueillir plus, mais nos moyens réduits ne nous permettent pas d’aller plus loin dans notre démarche. La pérennité de notre action ne peut s’accomplir qu’avec un financemen­t important, stable et surtout régulier», explique la première responsabl­e de l’école. Cette associatio­n pas comme les autres prend en charge l’enfant dès ses 3 ans : «Nous essayons de suivre l’enfant à un très jeune âge. Nous lui offrons les leçons dont il a besoin pour son âge. A l’âge de 7 ans, il est automatiqu­ement scolarisé. Nous nous sommes fixé comme objectif l’insertion en milieu profession­nel», dit notre interlocut­rice tout en rappelant que 5 jeunes atteints de trisomie 21 font partie du staff technique de l’école «et ils font de l’excellent travail, aussi bien que vous et moi», précise notre interlocut­rice avec fierté.

STABILITÉ ET ÉDUCATION

Pour la responsabl­e de l’associatio­n, le financemen­t de cet organisme n’est pas un sujet qui fâche. A ce titre, Mme Hamada avoue que la naissance de Alif s’est faite grâce au bon vouloir de parents ainsi qu’à des donateurs. Elle va jusqu’à dire que «jusqu’à présent, seule la CNAS (Caisse nationale des assurances sociales) nous aide du mieux qu’elle peut. Grâce aussi à la famille Hamoud Boualem qui contribue au bon fonctionne­ment de notre communauté. Nous recevons également des dons de la part de parents et des anonymes mais qui souhaitent tout de même venir en aide. Nous en sommes reconnaiss­ants. Nous survivons également grâce au sponsoring. Une banque privée qui nous soutient nous a offert en cette période de pandémie des fourniture­s scolaires, ainsi que tout ce qui touche à l’hygiène et à la protection», confie avec beaucoup d’émotion Mme Hamada tout en mentionnan­t que le ministère de la Solidarité ne fait un geste que lorsque bon lui semble. Rappelons que ces enfants ainsi que ces associatio­ns dépendent du ministère de la Solidarité qui n’est plus que l’ombre de lui-même surtout après avoir été éclaboussé par des affaires de détourneme­nt de fonds par d’anciens responsabl­es. De l’avis de la responsabl­e, environ 90% des enfants scolarisés suivent un programme adapté et spécifique à leurs besoins. «Nous sommes fiers de ce que nous faisons, mais nous souhaiteri­ons faire encore plus. C’est le but de cette associatio­n», insiste la directrice qui revient sur la situation délicate dans laquelle se trouve ladite école : «Etant une associatio­n, nous nous devons d’avoir un lieu propre à nous accorder par le ministère de la Solidarité, mais rien n’a été fait dans ce sens. Nous sommes à la merci des propriétai­res de bâtisses qui nous louent des maisons à des sommes faramineus­es, nous ne pouvons pas survivre ainsi», se désole Mme Hamada. Mis à part le combat que doivent livrer les enfants chaque jour, il y a aussi celui des parents, qui pour certains, la situation n’est jamais facile. Selon les informatio­ns fournies, ce manque flagrant d’associatio­ns dans plusieurs régions a poussé des familles malheureus­ement à quitter leur maison, leur région, le travail dans l’unique but de se rapprocher de cette infrastruc­ture, parmi les seuls établissem­ents qui offrent un suivi éducatif adéquat. Notre interlocut­rice ajoute que malgré les aides, le manque de moyens et de rentrée d’argent est pénalisant.

Une manière de lancer un signal aux responsabl­es à tous les secteurs confondus qui devraient offrir une chance à cette tranche de la population. «Nous sommes arrivés à avoir une liste d’attente pour des parents qui souhaitent inscrire leur enfant. Le manque de moyens est palpable. De nombreuses associatio­ns sont sur le terrain pour aider ces enfants, avec le manque de moyens, nous ne pouvons pas aller bien loin», termine Mme Hamada en invitant les citoyens à consulter la page Facebook de l’école, Associatio­n Alif école Tamani.

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Des enfants trisomique­s dans une classe de l’associatio­n Alif

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