Téhéran compte revoir sa politique nucléaire
Pour le président du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf, «toutes les forces et organisations concernées ont le devoir de transformer cette perte tragique en une occasion de renforcer divers aspects économiques, de sécurité, de défense et champs nucléair
Téhéran compte recourir aux représailles suite à l’assassinat, vendredi, du physicien nucléaire iranien Mohsen Fakhrizadeh. Ainsi, les parlementaires iraniens ont condamné hier l’assassinat du scientifique nucléaire, selon l’agence iranienne Fars, citant un communiqué des parlementaires. Comme ils ont appelé à l’arrêt de la mise en oeuvre volontaire du protocole additionnel au traité de non-prolifération et des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les sites iraniens. «Un tel crime nécessite une réponse rapide (...) et la meilleure réponse est de relancer la brillante industrie nucléaire de notre pays en mettant fin à la mise en oeuvre volontaire du protocole additionnel et en empêchant les régimes d’inspection sans précédent de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)», ont déclaré hier les parlementaires iraniens dans leur communiqué. Pour ces derniers, «les mains du régime sioniste sont clairement visibles dans l’assassinat du martyr Fakhrizadeh, (...)
Dans son intervention, le président du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf, a déclaré que «les ennemis du peuple iranien, en recourant une fois de plus à la terreur, ont prouvé qu’ils avaient peur de l’augmentation du pouvoir de l’Iran et ont choisi» d’éliminer «nos scientifiques pour affronter la nation». Ainsi, «en plus de la vengeance des auteurs et des commandants de l’assassinat» de Mohsen Fakhrizadeh, «toutes les forces et organisations concernées ont le devoir de transformer cette perte tragique en une occasion de renforcer divers aspects économiques, de sécurité, de défense et champs nucléaires», a-t-il indiqué.
HOSTILITÉ À L’ÉGARD DE L’AGENCE ONUSIENNE DU NUCLÉAIRE
Des conservateurs iraniens n’ont pas hésité depuis vendredi à manifester leur réprobation à l’égard des inspecteurs de l’AIEA. «Non seulement nous interdirons leurs visites, mais aussi leurs entretiens avec des experts ou des scientifiques», a ainsi déclaré le député Mahmoud Nabavian à l’agence Tasnim, relayée par des médias. A son avis, Fakhrizadeh a pu être «identifié» par «l’ennemi» soit par du «travail de renseignements», soit par des «entretiens» qu’il aurait pu accorder à l’AIEA, et il faut «couper toutes les voies» permettant que des scientifiques iraniens puissent être pris pour cible.
Le physicien a été qualifié par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, de père du programme iranien d’armement nucléaire. Le département d’Etat américain avait indiqué en 2008 que Mohsen Fakhrizadeh menait «des activités et des transactions contribuant au développement du programme nucléaire de l’Iran». L’Iran accuse Israël d’être derrière cet assassinat. Le président Hassan Rohani a affirmé samedi que l’Etat hébreu cherchait ainsi à semer le «chaos» et promis une riposte «en temps et en heure». Mais il a aussi prévenu que l’Iran ne tomberait pas dans le «piège» tendu, selon lui, par Israël. Depuis l’annonce de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, H. Rohani a multiplié les signes d’ouverture montrant sa volonté de sauver ce qui peut l’être de l’accord nucléaire. Ce pacte international offre à Téhéran un allégement des sanctions internationales en échange de garanties, vérifiées par l’AIEA, destinées à attester de la nature exclusivement pacifique de son programme nucléaire. Le président américain Donald Trump a retiré unilatéralement son pays de l’accord en 2018, trois ans après la conclusion à Vienne de ce pacte auquel Benyamin Netanyahu est hostile. Les sanctions imposées ou réimposées par Washington ont étouffé l’économie iranienne.
Le président élu américain Joe Biden a indiqué vouloir faire revenir son pays dans l’accord de Vienne. Il prendra ses fonctions le 20 janvier et la présidentielle iranienne se tiendra le 18 juin, alors que les conservateurs ont enregistré une victoire écrasante aux législatives de février aux dépens des partisans du président Rohani. Conformément à l’accord de Vienne, Téhéran a accepté de se plier aux exigences de ce document prévoyant un accès illimité des inspecteurs de l’AIEA à ses installations nucléaires, avant même sa ratification par le Parlement. Le 5 janvier, l’Iran a franchi une dernière étape dans la réduction de ses engagements, et déclaré qu’il renonce à ses engagements pris dans le cadre de l’accord de Vienne. La décision intervient après la frappe américaine en Irak qui a tué dans la nuit du 2 au 3 du même mois le général iranien Soleimani.