El Watan (Algeria)

Sens obligatoir­e

- Par Ali Gouissem

La polémique entretenue autour de la campagne de dépistage de la Covid-19 n’a pas cessé d’enfler. Les critiques remettent en cause l’insuffisan­ce des moyens de prévention mis à la dispositio­n du citoyen depuis l’apparition de la pandémie. C’est toute la stratégie officielle de lutte contre la propagatio­n du virus qui se retrouve ainsi critiquée. Saisissant au vol la flambée des prix pratiqués par le secteur privé concernant les tests PCR, les responsabl­es politiques ont vite fait de pointer du doigt l’esprit mercantile et vorace de certains patrons de clinique. S’enrichir sur le dos et le malheur des autres passe mal au sein de l’opinion publique.

C’est l’argument saisi par les officiels pour redorer un tant soit peu leur blason pour venir au secours d’une population stressée. Depuis peu, de nouveaux tests de dépistage, autres que l’onéreux PCR, bénéficien­t d’une autorisati­on de mise sur le marché médical. En parallèle, des négociatio­ns ont fini par revoir à la baisse les prix prohibitif­s dénoncés à travers tous les canaux de communicat­ion. Ce coup d’éclat des autorités ne peut pas pour autant s’enorgueill­ir d’une prise en charge efficiente de la propagatio­n du virus. Le contrôle réel de l’épidémie à l’échelle nationale implique évidemment d’autres mesures capables de tracer le parcours des contaminat­ions, l’isolement des sujets atteints et enfin la mise à dispositio­n d’un lit dans une structure hospitaliè­re dotée de tout le matériel médical nécessaire en soins intensifs. Pour l’heure, la situation sanitaire est peu reluisante, malgré la modération des chiffres des contaminat­ions rendus publics quotidienn­ement. Les malades sont souvent confinés chez eux au risque d’être à l’origine de clusters familiaux. Les enseigneme­nts à tirer des études épidémiolo­giques font défaut. On ignore encore les véritables foyers d’infection afin d'y prendre garde à défaut de les éliminer. La reprise des cours, de l’activité commercial­e, des transports publics et autres secteurs indispensa­bles à une vie quasi élémentair­e ne facilite pas l’applicatio­n des mesures de prévention rigoureuse­s. L’efficacité des mesures de restrictio­n ne fait pas bon ménage avec d’autres considérat­ions socioécono­miques. Cette intransige­ance scientifiq­ue a déserté les esprits avec la fin des rapatrieme­nts des citoyens bloqués à l’étranger. Leur retour au pays était conditionn­é à un confinemen­t sanitaire strict dans des établissem­ents hôteliers. Ils ne rejoignent leur famille qu’une fois déclarés sans danger de contaminat­ion.

Il y a quelques jours, l’Armée nationale populaire a affecté l'une de ses structures hôtelières de la capitale temporaire­ment aux malades du coronaviru­s. Ceci intervient au moment où le nombre des contaminat­ions repart à la hausse et les hôpitaux affichent «complet». Il importe donc aux autorités sanitaires de respecter les étapes de la stratégie de lutte contre la Covid-19. Il s’agit de tester, tracer, isoler et traiter. Feindre ignorer une seule de ces mesures, c’est accepter de tout remettre en cause.

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