A Stepanakert, le désarroi des déplacés de guerre
Logement, bétail, cultures, biens : ils ont dû tout abandonner, ils ont tout perdu. A Stepanakert, la capitale du Nagorny Karabakh, des déplacés arméniens du conflit avec l’Azerbaïdjan vivent au jour le jour, dans le désarroi. Entre 75 000 et 90 000 des quelque 150 000 habitants de la région avaient fui les combats de l’automne. Près de 20 000 sont retournés chez eux depuis l’accord de fin des hostilités signé le 9 novembre et consacrant la défaite arménienne. Mais entre les territoires conquis par les Azerbaïdjanais lors des six semaines de combats et ceux qui leur sont restitués selon l’accord, de nombreux Arméniens ont tout perdu. A Stepanakert, plusieurs hôtels ont été mis provisoirement à la disposition des déplacés et chaque jour, ils sont des centaines à faire la queue pour obtenir de la nourriture distribuée par la Croix-Rouge. Elmira Grigorian, 70 ans, vient de récupérer un petit sac en plastique rempli de pâtes, sucre, conserves, gâteaux... Elle habitait dans un village à la limite du district de Martouni et de celui d’Aghdam, rétrocédé à l’Azerbaïdjan le 20 novembre. Ce jour-là, les soldats de Bakou «sont immédiatement arrivés, ont pointé leurs fusils sur nous et ont dit : ‘‘Partez, tout ceci est à nous, aux Azerbaïdjanais’’. Alors nous sommes partis en abandonnant tout», raconte la
septuagénaire. «Vendredi, on nous a dit de revenir avec des soldats (arméniens et de la paix russes) et de récupérer nos biens. Nous y sommes allés avec des soldats et nous avons attendu toute la journée, mais rien... Ils (les Azerbaïdjanais, ndlr) nous ont dit : ‘‘Partez, nous ne vous donnerons rien’’».