Tension spéculative sur l’orge et le son
● Ils sont nombreux ces éleveurs qui traversent une épreuve très dure en raison des difficultés à accéder à l’aide de l’État en matière d’aliments pour leurs bêtes.
Suite au faible taux de pluviométrie enregistré à Biskra depuis 2018 et ainsi l’appauvrissement du couvert végétal des immenses zones steppiques et des parcours pastoraux, les éleveurs d’ovins ont recours à des compléments alimentaires nécessaires pour la bonne santé, l’engraissement et la qualité de leurs cheptels. Auprès de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), ceux-ci peuvent acquérir, à des tarifs subventionnés, en vertu des aides publiques édictées en leur faveur, des quintaux d’orge et de son au prorata du nombre de têtes de moutons déclarés. Malgré cela, ils sont plusieurs à déplorer leurs difficultés à accéder à cette aide étatique et signalent la cherté de ces produits alimentaires du bétail. «Ces derniers sont disponibles sur le marché parallèle à des prix frisant le double, voire le triple de ceux pratiqués par l’OAIC», relèvent-ils. «Avec le manque de pluie permettant la régénérescence des plantes broutées et consommées par les ovins et les caprins, la crise sanitaire paralysant les transports, la cherté des actes vétérinaires et de ceux de l’orge et du son où la spéculation fait rage et dont les quantités acquises auprès de l’OAIC restent insuffisantes et irrégulières pour satisfaire nos besoins, nous traversons une des périodes les plus dures de notre existence», protestent les éleveurs. «Si l’on ne peut rien contre les caprices climatiques, nous pouvons réfléchir à des mesures concrètes pour sauver cette filière où Biskra est leader avec son cheptel d’ovins atteignant presque un million de têtes, dont 70% de l’excellente race Ouled Djellel. Alors que nous pourrions alimenter le marché national en viande ovine et même penser à exporter cette viande rouge à des prix compétitifs, ces objectifs s’éloignent au fil des mois, car notre métier est en décadence à cause de plusieurs facteurs défavorables», a souligné un éleveur de Doucen. Instruit de la situation «déplorable et intenable» des éleveurs par les organisations professionnelles du secteur et par d’autres canaux, Abdallah Abinouar, wali de Biskra, a rappelé sur les ondes de la Radio des Ziban que le développement du secteur agropastoral était une priorité pour les pouvoirs publics et qu’en application des orientations gouvernementales, plusieurs mesures d’aide et de soutien aux éleveurs étaient effectives. «Ces dernières années ont été avares en eau de pluie. Tous les éleveurs ont un besoin crucial en compléments alimentaires tels que l’orge et le son pour nourrir leurs animaux. Nous avons les quantités nécessaires pour suffire aux besoins de tous les éleveurs, pourvu qu’ils s’organisent et qu’ils adhérent au dispositif mis en place en leur faveur. Afin d’assurer une distribution équitable et rationnelle des aliments du bétail, nous allons multiplier les points de vente et de répartition de ces matières devant arriver à leurs destinataires sans encombre. En application des instructions du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, un plan de lutte contre la spéculation touchant l’orge et le son a été mis en place impliquant des brigades de la direction de l’agriculture et du commerce qui sont actives pour veiller au respect des mesures et des dispositions prises pour sortir les éleveurs du marasme et de la déprime», a-t-il déclaré.