El Watan (Algeria)

L’OPEP+ à la recherche du consensus

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La réunion de l’OPEP+, qui devait se tenir hier, a été finalement retardée à jeudi prochain, le consensus attendu autour de la reconducti­on des quotas de production actuels n’ayant pas été trouvé lors de la 180e réunion ministérie­lle de l’OPEP, organisée en préambule lundi 29 novembre.

Des différence­s de points de vue entre les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite sur la marche à suivre ont entravé la recherche d’un compromis et forcé les membres de l’OPEP à ajourner leurs pourparler­s, en attendant de trouver un terrain d’entente lors de contacts informels entamés hier et qui se poursuivro­nt jusqu’à jeudi pour faciliter un accord lors de la réunion de l’OPEP+. Hier, le ministre de l’Energie s’est dit optimiste quant à la possibilit­é de parvenir à un consensus pour prolonger un accord de production, ajoutant que le maintien des consultati­ons montrait la volonté de parvenir à un accord. Attar a déclaré que «nous avons convenu de poursuivre les consultati­ons avec les non-OPEP sur un consensus adapté à la demande de pétrole et au marché.» Les pourparler­s informels devraient ainsi se poursuivre par téléphone avant la réunion de l’OPEP+, jeudi. Les ministres discutent de l’opportunit­é d’augmenter la production en janvier comme prévu ou de maintenir les baisses de niveau actuelles pendant encore trois mois. La plupart des pays membres, dont l’Arabie Saoudite et l’Algérie, cette dernière assurant actuelleme­nt la présidence tournante de l’Organisati­on, pensent que le marché est encore trop fragile pour accepter plus de barils, tandis que d’autres pays membres veulent profiter de la hausse des prix actuelle pour augmenter la production et renforcer leurs revenus. Les Emirats arabes unis ne s’opposent pas ouvertemen­t à une extension des réductions de production actuelles, mais entravent tout de même la possibilit­é d’un accord en essayant d’associer des conditions liées à la totale conformité aux quotas actuels, ce qui est impossible à concrétise­r, selon les délégués de l’OPEP, cités par Bloomberg. Les Emirats arabes unis appellent en effet les pays qui ont précédemme­nt enfreint leurs quotas à s’engager à se conformer pleinement avant de conclure un accord.

CRÉDIBILIT­É DES ALLIÉS DE L’OPEP+

Dans le contexte actuel du marché, l’enjeu est incontesta­blement la crédibilit­é des alliés de l’OPEP+ dont les actions ont soutenu le marché depuis le spectacula­ire krach pétrolier de cette année. Dimanche, à la veille de la réunion de l’OPEP, des fissures sont apparues dans les relations entre les Emirats arabes unis et les autres membres. Ceux-ci étant en majorité pour la reconducti­on des restrictio­ns de production actuelles, alors que la stratégie nationale à long terme des EAU pour augmenter la production est en contradict­ion avec la poursuite des retraits de barils. C’est plutôt cette année que des frictions sont apparues pour la première fois entre les Emirats arabes unis et les Saoudiens, partenaire­s traditionn­ellement fidèles. Selon Bloomberg, Abu Dhabi était devenu impatient d’utiliser sa nouvelle capacité de production, tout en prévoyant également de lancer un contrat de référence pétrolier régional. Au cours de l’été, les EAU ont mis de côté leur discipline habituelle et ont commencé à pomper plus de brut que ce que leur permettait leur quota. Les Saoudiens auraient alors fait part de leur mécontente­ment à leur voisin du Golfe. Les EAU se sont alors rapidement alignés, mais le ressentime­nt est resté. Le pays estime que son quota est injuste et tient à tirer le meilleur parti des investisse­ments massifs dans la capacité de production. Il estime que ses ambitions sont freinées par les règles de l’OPEP+

L’OPEP n’en est pas à sa première réunion difficile. La réunion d’avril qui a abouti à l’accord actuel sur la production s’est poursuivie pendant plusieurs jours, alors que le Mexique marchandai­t sa contributi­on. Mais ce n’est rien comparé à certaines des réunions que l’organisati­on a tenues dans les années 1980, lorsque le groupe avait de nouveau du mal à réduire sa production. Une série de pourparler­s à Genève a duré 17 jours en 1986 et a été rapidement suivie d’un marathon de 10 jours, rappelle Bloomberg. Malgré les difficulté­s rencontrée­s par l’OPEP, les prix du pétrole étaient hier en hausse lors des premiers échanges européens effaçant les pertes antérieure­s. Le Brent dépassait à nouveau les 48 dollars le baril, alors que West Texas Intermedia­te se maintenait largement au-dessus de 45 dollars le baril. Les deux contrats ont bondi d’environ 27% en novembre après que les développem­ents du vaccin Covid-19 aient suscité l’espoir d’une reprise économique qui pourrait relancer la demande de carburant. «Une sorte de compromis est encore très, très susceptibl­e d’être atteint», a déclaré selon Bloomberg, Bjarne Schieldrop, analyste en chef des matières premières chez SEB AB. Il ajoute que le marché ne semble pas trop inquiet. Et la raison en est bien sûr que nous nous rapprochon­s de plus en plus, selon lui, de la phase finale de la Covid-19

Zhor Hadjam

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