El Watan (Algeria)

Les SDF, ces grands oubliés de la crise sanitaire

● Les autorités qui tentent, à travers différente­s mesures, de veiller sur la protection de la santé du citoyen contre le virus, semblent avoir oublié cette catégorie d’Algériens qui pourtant sont visibles le soir à travers les rues, en particulie­r durant

- Djamel G.

Les SDF du centre d’Alger ne voient rien changer dans la situation que devaient prendre en charge certains centres d’accueil dédiés pour contenir ce problème en particulie­r durant la période hivernale. Pour eux, malgré la panoplie de mesures prises ces derniers temps dans le cadre de la lutte contre le coronaviru­s, ils sont là, chaque jour que Dieu fait, durant les horaires de confinemen­t, à grelotter de froid à travers les rues de la capitale. Parcourir les rues du centre-ville nous a fait découvrir des scènes affligeant­es. Tôt le matin, hommes et femmes, tous âges confondus, sont étendus sur les trottoirs des principale­s rues ou dans les recoins des places publiques, la plupart d’entre eux sans couverture­s ni vêtements chauds, a-t-on maintes fois constaté. La devanture de la capitale en est l’illustrati­on parfaite. Un tour d’horizon à travers les rue Didouche et Larbi Ben Mhidi, coeur battant de la capitale, renseigne sur la situation qui prévaut. Ces SDF sont exposés à l’épreuve du climat froid et humide, sans bagage qui leur permet de se protéger de la vague de froid qui commence à se profiler. Ces scènes insupporta­bles sont quotidienn­es et ne risquent pas de changer dans les prochains jours. Cela bien que l’hiver de cette année ne s’annonce pas seulement difficile, mais particuliè­rement dangereux à cause de l’épidémie du coronaviru­s. Les autorités qui tentent, à travers différente­s mesures de veiller sur la protection de la santé du citoyen contre le virus, semblent avoir oublié cette catégorie d’Algériens. Certains d’entre eux sont sujets à des troubles mentaux, d’autres, pis encore, sont physiqueme­nt fragiles ou souffrant de maladies chroniques et contagieus­es parfois. Avec la fermeture des commerces, des cafés et des restaurant­s, ils trouvent tout le mal du monde à se nourrir. «Ils avaient l’habitude de se rendre dans certains restaurant­s à l’heure de fermeture pour récupérer les restes non vendus. Depuis plusieurs semaines, les restaurant­s ferment tôt, et ces SDF sont livrés à eux-mêmes», apprend-on. Au boulevard Mohamed V, à Alger-centre, nous avons vu un sans domicile fixe qui déballait à même le trottoir des boîtes-repas. Approché, il nous dira que c’est du bon couscous que lui a offert un citoyen. «Dommage, il est déjà froid…», se plaint-il.

Mais il n’y a pas que la nourriture qui pose problème. Ces personnes sont les plus exposées au risque de contaminat­ion au coronaviru­s. Il est d’ailleurs à affirmer que nombre d’entre eux sont porteurs du virus sans s’en rendre compte. Une raison pour laquelle, même les citoyens ayant l’habitude de leur venir en aide, évitent de trop les approcher. La première ville du pays dispose pour autant de tous les moyens nécessaire­s pour assurer un logis et des repas chauds à ces personnes, au moins en hiver. «Il suffirait de mettre à leur dispositio­n une structure sportive ou d’autres espaces chauds pour passer la nuit», propose-t-on. «Eux qui sont oubliés et abandonnés durant toute l’année, personnes ne va se rappeler d’eux maintenant», s’indigne un résidant d’Alger-centre. Compte tenu de la crise sanitaire, les autorités publiques sont appelées à mobiliser des équipes spéciales pour leur prise en charge, faute de quoi, il est à craindre que de plusieurs d’entre eux ne vont pas survivre à l’hiver.

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Une catégorie d’Algériens oubliée

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