La crise du Golfe au menu
de «soutenir le terrorisme», et de se rapprocher de l’Iran. Ce que dément le Qatar. De leur côté, les Etats-Unis accusent l’Iran de déstabiliser le Moyen-Orient. En raison du blocus aérien, Qatar Airways survole l’espace aérien de la République islamique. Aussi, Doha exploite conjointement avec la République islamique un vaste champ gazier offshore.
Les relations entre Doha et ses voisins du Golfe ont connu plusieurs fois des frictions. En mars 2014, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn décident de rappeler leurs ambassadeurs respectifs au Qatar. Dans un communiqué rendu public en la circonstance, ces trois monarchies ont exhorté Doha à «ne soutenir aucun mouvement dont le but est de menacer la sécurité et la stabilité des Etat membres». En fait, ils reprochent à leur voisin de soutenir la confrérie des Frères musulmans considérée comme un danger pour leur sécurité. Les autorités émiraties ont arrêté des dizaines de membres de la confrérie ou présumés tels, accusés de tenter de renverser le royaume. Par ailleurs, Riyad et Abou Dhabi ont approuvé le coup d’Etat de l’armée égyptienne du 3 juillet 2013, qui a provoqué la chute du président islamiste Mohammed Morsi. Contrairement
au Qatar qui l’a condamné. Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Robert O’Brien, a récemment indiqué que permettre aux avions qataris de survoler l’Arabie Saoudite, via un «pont aérien», fait partie des priorités de l’administration Trump.
ATTENDU À RIYAD
La visite J. Kushner au Qatar intervient après l’assassinat du scientifique iranien Mohsen Fakhrizadeh vendredi, attribué par Téhéran à Israël. Et le Wall Street Journal a indiqué dimanche qu’il devait aussi se rendre prochainement en Arabie Saoudite. Bahreïn et les Emirats arabes unis ont récemment normalisé leurs relations avec Israël, dans le cadre d’accords sous l’égide de la Maison-Blanche. Le Soudan a également donné son accord de principe pour normaliser ses relations avec Israël qui est confiant dans le fait que d’autres pays arabes pourraient suivre. Le 22 novembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est rendu en Arabie Saoudite où il a rencontré en secret le prince héritier Mohammed Ben Salmane. De son côté, le royaume wahhabite a déclaré qu’il ne suivrait pas l’exemple des Emirats et de Bahreïn, qui ont rompu un «consensus arabe» conditionnant toute normalisation avec Israël à un règlement du conflit israélo-palestinien. Il n’a cependant ni condamné ni salué ces accords. Comme il a autorisé le survol de son espace aérien à tous les avions «en provenance de tous les pays» en direction des Emirats, peu après l’accord de normalisation entre Abu Dhabi et Tel-Aviv. En février, le roi Salmane de l’Arabie Saoudite a reçu un rabbin basé à Jérusalem, David Rosen, une première dans l’histoire moderne du royaume ultraconservateur. Et Mohammed Al Issa, un Saoudien à la tête de la Ligue islamique mondiale, a participé aux commémorations du 75e anniversaire de la libération du camp nazi d’Auschwitz. En septembre, le principal quotidien anglophone saoudien, Arab News, a publié en hébreu sur Twitter et Facebook des voeux pour le Nouvel An juif. Lors de la visite du président américain Donald Trump, les 20 et 21 mai 2017, en Arabie Saoudite, Washington et Riyad ont annoncé des contrats excédant 380 milliards de dollars, dont 110 consacrés aux ventes d’armements américains au royaume wahhabite visant à contrer les «menaces iraniennes» et combattre les islamistes radicaux. Amnay Idir