L'économie selon l’Eniem
Début des années 2000, le monopole des entreprises publiques d’électroménager tombe par décret et l’importation commence. Pour l’Eniem, fleuron de l’industrie nationale, c’est la chute brutale. Restructurations, dettes, masse salariale trop importante, en 2012, un nouveau plan de mise à niveau est lancé. Juillet 2018, un nouveau PDG est nommé, Djilali Mezouar, qui n’était autre que le chef de service finances et comptabilité de l’entreprise. On se dit que ça va donc s’arranger, surtout que le nommé explique que «les difficultés de l’entreprise ne datent pas d’aujourd’hui, nous subissons les conséquences de la mauvaise gestion». Juillet 2019, la BEA refuse de prêter 1,9 milliard de dinars comme chaque année à l’Eniem, déjà lourdement endettée. Il fait chaud, sous son climatiseur Eniem monoblock, le PDG prédit que l’Eniem risque de disparaître. Janvier 2020, le PDG annonce le redéploiement de l’entreprise, février, 1 milliard de dinars sont finalement alloués par la BEA à l’Eniem.
Juillet, le président Tebboune ordonne la mise en place d’un cahier des charges pour l’électroménager avant la fin du mois. Août, des stocks de matière première destinée à l’Eniem sont bloqués aux douanes à cause des fameuses licences d’importations CKD/SKD mises en place. Début octobre, le ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali se rend à Tizi Ouzou et en sort avec une idée lumineuse : «Il faut restructurer l’Eniem.» En tant que spécialiste mondial des cahiers des charges, il annonce évidemment qu’un cahier des charges de l’électroménager sera prêt «au plus tard à la mi-octobre». Les déboires continent et entre-temps, le président Tebboune est tombé malade, nous sommes en décembre, l’Eniem a 2000 salariés, une dette au frigo de 6 milliards de dinars et vient de se mettre en chômage technique. De restructurations en prêts et rallonges du Trésor public, l’Eniem est toujours déficitaire. Pourtant ça aurait dû marcher, il y a même un rappeur américain qui s’appelle Eminem.