De sérieuses menaces terroristes pèsent sur l’Algérie
Des poches terroristes persistent dans les maquis au nord du pays, avec suffisamment de puissance pour faire des coups d’éclat ou occasionner des pertes humaines et matérielles Profitant du chaos libyen et de l’instabilité chronique au Mali, les groupes terroristes affiliés à Al Qaîda ou à l’Etat islamique, renforcés par les 200 terroristes
libérés récemment par la France, constituent une sérieuse menace pour l’Algérie.
La mort, mercredi dernier, d’un sous-officier au cours d’un ratissage de l’armée dans la zone escarpée de Oued Bouayache près de la commune d’El Ancer, à Jijel, nous ramène à cette triste réalité de la persistance des actes terroristes dans notre pays. S’il a été vaincu, le terrorisme islamiste est loin d’être totalement éradiqué. Bien qu’elles ne constituent pas une menace pour les fondements de l’Etat, des poches de terroristes sont toujours menaçantes. Elles infestent certains maquis forestiers avec suffisamment de puissance pour faire des coups d’éclat ou occasionner des pertes humaines et matérielles.
On se souvient encore de cet attentat kamikaze en février 2020 contre un détachement des forces de l’ANP dans la région de Timiaouine, à l’extrême sud du pays, près de la ligne frontalière avec le Mali. «Ce jour 9 février 2020 à 10h50, dans la zone frontalière de Timiaouine, à Bordj Badji Mokhtar, en 6e Région militaire, un détachement de l’Armée nationale populaire a été la cible d’un kamikaze à bord d’un véhicule tout-terrain piégé», annonçait un communiqué du MDN. Cette attaque a coûté la vie à un soldat en charge du contrôle de l’accès au niveau du poste frontalier. «Le militaire chargé du contrôle de l’accès est parvenu à mettre en échec la tentative d’entrée en force du véhicule suspect. Cependant, le kamikaze a fait exploser son véhicule, causant le décès du militaire en faction», avait précisé le MDN.
Depuis la célèbre attaque terroriste de grande envergure contre le site gazier de Tiguentourine, à l’extrême sudest du pays, plusieurs attentats terroristes ont été enregistrés. En juillet 2018, sept militaires ont été tués lors d’un accrochage dans les reliefs montagneux de la wilaya de Tébessa. En août 2017, un attentat-suicide contre un commissariat de police à Tiaret, à l’ouest d’Alger, a fauché la vie à deux policiers. En juin 2017, une autre attaque terroriste à la bombe, dans la wilaya de Tébessa, a coûté la vie à deux militaires et a fait plusieurs autres blessés. En février 2017, un attentat-suicide a été évité de justesse devant un commissariat de police à Constantine, grâce à la vigilance d’un policier en faction, qui a réussi à atteindre avec son arme le kamikaze avant qu’il atteigne sa cible.
En avril 2014, 14 militaires ont été tués dans un accrochage avec un groupe terroriste, dans la région montagneuse d’Ouacifs, à Tizi Ouzou. C’est aussi la même année que le touriste français Hervé Gourdel a été kidnappé et assassiné par un groupe terroriste se réclamant de l’Etat islamique alors qu’il faisait une randonnée dans les montagnes de Tikjda.
L’année 2013 a été marquée par tout d’abord l’attaque terroriste de Tiguentourine. Mais pas seulement. Deux autres attentats ont été commis cette année-là. Il y a eu une attaque contre un convoi de l’armée à Khenchela et un accrochage entre un groupe terroriste et des gendarmes à Batna. Ce dernier s’est soldé par la mort de deux éléments de la gendarmerie. Ces attaques commises ces sept dernières années sont illustratives du risque terroriste encore présent. La guerre contre le terrorisme n’est pas finie. Ces actes, bien que sporadiques, appellent à ne pas baisser la vigilance. Bien au contraire. D’ailleurs, sans la vigilance, le nombre d’attentats terroristes aurait été beaucoup plus important et le bilan des victimes encore plus lourd. Les services de sécurité en charge de la lutte antiterroriste ont réussi a déjoué plusieurs attentats grâce à la vigilance et au renseignement. En 2019, l’armée a pu éliminer 15 terroristes au cours de ses opérations et en arrêter 25 autres.
Durant l’année 2020, plusieurs terroristes ont été capturés. Certaines prises, comme celle du 18 novembre dernier, sont importantes pour prévenir de nouveaux attentats. En effet, les services de la lutte antiterroriste relevant du ministère de la Défense nationale ont appréhendé à Timiaouine, dans la wilaya de Tamanrasset, un terroriste prénommé El Hocine Ould Amar Ould Maghnia, dit «Maïs». Chose importante à signaler, ce terroriste venait du Mali et faisait partie des 200 terroristes libérés en octobre dernier par les autorités maliennes à la demande de l’Etat français en contrepartie de la libération de trois de ses ressortissants.
Un autre terroriste faisant partie de cette transaction dangereuse a été appréhendé à Tlemcen par les mêmes services de sécurité. La libération de ces 200 terroristes fait exploser le risque terroriste à nos frontières sud, voire même sur le territoire national. Plusieurs de ces terroristes appartenant à des groupes proches d’Al Qaîda ou de l’Etat islamique sont d’origine algérienne. Ils constituent ainsi une menace pour la sécurité nationale, ce qui a poussé l’armée à renforcer son dispositif sécuritaire toute au long de la ligne frontalière avec le Mali et bien au-delà. Ainsi, s’il y a encore des terroristes qui se cachent dans les maquis du Nord, la plus grande menace viendrait de l’extrême-sud du pays. Avec l’instabilité chronique au Mali et en Libye, le Sahel est devenu la plaque tournante du terrorisme international. Beaucoup de terroristes ayant fui la Syrie et l’Irak se sont rendus en Libye, puis au Sahel, où ils contrôlent de grands territoires désertiques et souvent frontaliers de l’Algérie. La désignation d’Abou Oubaïda Youssef Al Annabi, Algérien originaire de la ville de Annaba, à la tête d’AQMI n’augure rien de bon pour notre pays. Bien qu’il a fui du territoire national depuis des années, ce chef terroriste aurait encore des réseaux dormants sur le sol algérien qu’il pourrait utiliser pour des coups d’éclat. Comme il pourrait planifier de nouvelles attaques terroristes contre des installations algériennes ou étrangères dans le Grand Sud. Mais il n’y a pas qu’AQMI qui ciblerait l’Algérie. L’Etat islamique aussi, bien installé au Mali, a déjà annoncé la couleur en revendiquant les deux derniers attentats terroristes en Algérie. La vigilance doit être de mise !