El Watan (Algeria)

L’OPEP+ OPTE POUR UN ASSOUPLISS­EMENT DES RÉDUCTIONS

Après d’intenses négociatio­ns, l’OPEP et ses alliés ont finalement trouvé un compromis, lors de la 12e réunion ministérie­lle de l’OPEP et des non-OPEP, qui s’est tenue par visioconfé­rence, jeudi 3 décembre 2020.

- Zhor Hadjam

Après d’intenses négociatio­ns, l’OPEP et ses alliés ont finalement trouvé un compromis lors de la 12e réunion ministérie­lle de l’OPEP et des non-OPEP qui s’est tenue par visioconfé­rence, jeudi 3 décembre 2020. L’OPEP+ a ainsi décidé d’assouplir légèrement ses réductions de production de pétrole, en ajoutant 500 000 barils par jour, en janvier 2021, tout en ajustant les mois suivants les quotas de ses membres en fonction de la situation du marché toujours miné par la pandémie sanitaire. L’augmentati­on de 500 000 barils/ jour, répartis entre les membres signataire­s, signifie que l’Organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole (OPEP) et ses alliés, appliquero­nt en janvier prochain une réduction de la production équivalant à 7,2 millions de b/j, soit 7% de la demande mondiale, contre des réductions actuelles de 7,7 millions de b/j.

«A la lumière des fondamenta­ux actuels du marché pétrolier et des perspectiv­es pour 2021, la réunion a convenu de reconfirme­r l’engagement existant au titre de la décision du 12 avril 2020, amendée en juin et septembre 2020, de rendre progressiv­ement 2 mb/j, compte tenu des conditions du marché. A partir de janvier 2021, les pays participan­ts ont décidé d’ajuster volontaire­ment la production de 0,5 mb/j de 7,7 mb/j à 7,2 mb/j. En outre, il a été convenu de tenir des réunions ministérie­lles mensuelles de l’OPEP et des non-OPEP à partir de janvier 2021 pour évaluer les conditions du marché et décider de nouveaux ajustement­s de production pour le mois suivant, les ajustement­s mensuels supplément­aires ne dépassant pas 0,5 mb/j», peut-on lire dans le document final publié par l’OPEP, à l’issue d la réunion. Les freins à la production qui sont mis en oeuvre visent à faire face à la faible demande de pétrole dans le sillage de la pandémie de coronaviru­s, dont les effets risquent de se poursuivre durant les premiers mois de 2021 au moins. Dans ce contexte, un premier scénario plus restrictif avait été largement évoqué au début des négociatio­ns entamées lors de la la 180e réunion de la Conférence de l’Organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole (OPEP) tenue le 30 novembre 2020, mais des réticences exprimées notamment par les Emirats arabes Unis (EAU) a forcé l’OPEP, après consultati­on de ses alliés, à changer de démarche, sans pour autant renoncer à la prudence dans la définition de sa politique de quotas.

L’Arabie Saoudite, ainsi que d’autres pays, dont l’Algérie, qui assure actuelleme­nt la présidence tournante de l’OPEP, privilégia­it la prolongati­on des coupes existantes au moins jusqu’en mars, mais la propositio­n n’a pas enchanté tous les pays membres. La remontée des prix du pétrole fin novembre, en pleine euphorie autour des vaccins contre la Covid-19, a donné de nouveaux espoirs à plusieurs producteur­s qui ont commencé à remettre en question, selon Reuters, la nécessité de garder un contrôle aussi serré sur la politique pétrolière, comme le préconisai­t l’Arabie Saoudite.

DÉMARCHE PRUDENTE, UN COMPROMIS DIFFICILE

Des sources de l’OPEP+ ont déclaré que la Russie, l’Irak, le Nigeria et les Emirats arabes unis ont tous, dans une certaine mesure, exprimé leur intérêt à approvisio­nner le marché avec plus de pétrole en 2021. Le vice-Premier ministre russe Alexander Novak a cependant déclaré, a l’issue de la réunion, que le groupe garderait une démarche prudente à travers des réunions mensuelles dès le mois de janvier prochain, pour décider des politiques de production au-delà de janvier, avec éventuelle­ment des augmentati­ons mensuelles ne dépassant pas 500 000 b/j en fonction de la situation du marché. «C’est une bonne décision, car cela nous permet de nous arrêter et de faire une pause et de revoir ce qui doit être fait pour ne pas nuire au marché», a déclaré M. Novak. Ce dernier a rappelé en outre que les réductions compensato­ires pour les pays qui avaient surproduit les mois précédents, avaient été prolongées jusqu’en mars 2021. Pour sa part, le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdelaziz ben Salman, a déclaré que la réunion avait été difficile en raison des différence­s de points de vue entre de nombreux membres. Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion de l’OPEP+, le ministre saoudien a estimé que la décision prise allait «rassurer le marché et donner le signal que nous avons tous les outils en main pour ajuster la production au fur et à mesure que nous verrons comment le marché se comporte. C’est une façon judicieuse d’être très prudent et diligent», a-t-il ajouté. Il est à savoir que la Libye, l’Iran et le Venezuela continuero­nt d’être exemptés de quotas. Malgré l’augmentati­on rapide de la production libyenne suite à un cessez-le-feu, le prince saoudien Abdelaziz a déclaré que le pays déchiré par la guerre serait autorisé à continuer à produire, jusqu’à ce que sa stabilité politique soit retrouvée. L’accord révisé de l’OPEP+ devrait maintenir le marché pétrolier en déficit tout au long du premier trimestre, selon les calculs de Bloomberg qui cite des données de l’OPEP, ce qui signifie que les stocks trop abondants continuero­nt de baisser durant les prochains mois, encouragea­nt la poursuite de la récente remontée des prix.

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