«Notre client est détenu arbitrairement»
Le collectif d’avocats de
Rachid Nekkaz, incarcéré depuis 365 jours, à la prison de Koléa, a dénoncé hier, lors d’une conférence de presse, une détention «arbitraire» «scandaleuse» et une «injustice flagrante». «Nous sommes devant une situation gravissime de violation de la loi. Nous ne discutons pas du fond, mais de la forme .Cette détention provisoire est scandaleuse dans les annales de la justice algérienne, car il n’y a aucun argument qui autorise le maintien de Nekkaz en prison», explique l’avocate Zoubida Assoul. Le collectif a tenu à lever toute ambiguïté concernant la lettre adressée par Rachid Nekkaz au ministre de la Justice. Selon Mustapha Bouchachi, Nekkaz, ne demande pas au garde des Sceaux un passe-droit. «Bien au contraire, il veut qu’il intervienne au nom de la loi dès lors qu’il est le garant du fonctionnement de la justice et responsable de l’action publique et la liberté des individus», indiquet-il. «Le garde des Sceaux peut intervenir au nom de la loi pour orienter et donner instructions au procureur général afin de libérer immédiatement Rachid Nekkaz, car il est détention arbitraire», tranche le collectif.
La responsabilité de cette détention arbitraire revient, accuse le collectif, à la chambre d’accusation qui a cautionné et fermé les yeux sur cette injustice, elle incombe aussi au procureur général près la cour d’Alger, au ministre de la Justice et au directeur pénitencier de Koléa dont les prérogatives est de veiller au renouvellement de la détention dans les délais, «faute de quoi, le cas échéant, si les délais ne sont pas respectés, Rachid Nekkaz doit être libéré après le 4 avril 2020. Ce que le directeur pénitentiaire n’a pas fait. Donc la responsabilité est bien située et il s’agit d’une atteinte très grave», s’offusque le collectif. Le cas Rachid Nekkaz, d’après l’avocat Yahia Cherif, n’est pas une exception.
«La Constitution, qu’elle soit bonne ou mauvaise, prévoit un chapitre concernant le pouvoir judiciaire qui est indépendant. La justice protège la société et les libertés. L’article 168 stipule que le justiciable est protégé contre l’abus et les déviations du juge et de la chambre d’accusation. Il est de même de l’article 128 du code de procédure pénale», affirme Yahia Cherif. «Ces deux articles ne sont pas respectés. Qui est responsable de cette situation ?» s’interroge l’avocat dont le rôle est de signaler toute infraction. «Il n’y a point de justice lorsque le droit est violé. Nous demandons alors au ministre de la justice de corriger cette injustice», note-t-il.
Zoubida Assoul a rappelé les circonstances de l’organisation de cette conférence qui intervient après le rejet le 11 novembre dernier de la demande de la liberté provisoire formulée par la défense de Rachid Nekkaz.