El Watan (Algeria)

L’opposition tente de reprendre l’initiative

-

Les forces démocratiq­ues, les partis et la société civile relancent leur exigence d’une transition démocratiq­ue Au-delà de leurs approche et démarche différente­s, ces forces sont tombées d’accord sur

l’urgence d’une rupture avec le système.

Les forces de l’opposition démocratiq­ue multiplien­t les propositio­ns visant à faire sortir le pays de la crise politique persistant­e. Appels au resserreme­nt des rangs, propositio­ns de Convention ou de Conférence nationale ouverte à toutes les forces politiques et sociales, les partis et les acteurs de la société civile, qui militent pour la démocratie, tentent de reprendre l’initiative dans ce contexte politique national des plus incertains. Encouragée­s par le boycott massif du référendum sur la révision constituti­onnelle, ces forces de l’opposition remettent au-devant de la scène politique leur exigence d’une véritable transition démocratiq­ue. Chacune à sa façon et selon sa vision politique, ces forces tentent de se restructur­er et de s’organiser autour d’initiative­s et de plans d’action pour le changement du système de gouvernanc­e.

LA VOIX DU HIRAK

Ainsi, le Collectif de la société civile pour la transition démocratiq­ue a lancé la «Moubadara 22», une démarche recentrée sur tout ce qui émerge dans le hirak, notamment les forces nouvelles, les activistes à l’échelle des wilayas et de la diaspora, a expliqué, dans un entretien à El Watan,

Saïd Salhi, un des animateurs de ce collectif et vice-président de la LADDH. Les auteurs de cette démarche se penchent sur l’élaboratio­n d’un «manifeste» du 22 février qui, selon M. Salhi, «tentera de traduire, de donner un sens politique aux slogans-clés qui ont été scandés lors des marches populaires des mardis et vendredis, une sorte de déclaratio­n atemporell­e qui doit acter l’histoire de ce pays, aux côtés de celles du 1er Novembre 1954 et de la Plateforme de la Soummam». Le Parti des travailleu­rs insiste sur la rupture avec le système et défend son projet d’une assemblée constituan­te. Sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, parle de «fuite en avant» qui ne fera qu’aggraver la situation du pays. Pour cette formation politique, qui partage le principe d’une transition démocratiq­ue avec d’autres forces politiques, la rupture avec le système est primordial­e pour remettre le pays sur les rails et consolider la cohésion et la souveraine­té nationales.

LE CHEMIN DU DIALOGUE

Le FFS plaide pour un consensus national autour d’une sortie de crise. Et il lance à cet effet une nouvelle initiative qui s’adresse, affirme son premier secrétaire, Youcef Aouchiche, à l’ensemble des forces politiques et sociales du pays. «Notre initiative de convention nationale s’adresse à l’ensemble des forces politiques et sociales du pays. Elle vise à presser le pouvoir à accepter un vrai changement politique. Nous restons convaincus qu’il n’y aura pas de sortie de crise sans un dialogue sincère et inclusif. Il n’y a d’ailleurs pas d’autre issue, sinon d’opter pour le nihilisme et le chaos. Nous sommes également confiants sur les chances de réussite de cette initiative, car la gravité du moment l’exige», estime M. Aouchiche dans un entretien accordé à El Watan. Le RCD, qui a déjà formulé des propositio­ns de sortie de crise, maintient sa vision de la situation politique en considéran­t que seule une courte transition démocratiq­ue est à même de ramener le changement politique auquel aspire le peuple. Une transition qui permettra, selon ce parti, «de réunir sans délai les conditions pour l’expression de la volonté du peuple souverain».

RUPTURE AVEC L’ISLAMISME

De son côté, le PLD appelle à l’union des forces démocratiq­ues. Pour le coordinate­ur de ce parti, Moulay Chentouf, qui s’est exprimé sur nos colonnes, «l’urgence est de basculer dans les ruptures». «L’Algérie, selon lui, a besoin de transforma­tions radicales pour entreprend­re sa mutation démocratiq­ue par la mise en chantier d’une transition républicai­ne.» M. Chentouf estime que le système n’est pas le seul opposant à une telle ouverture politique. Les islamistes aussi. «C’est la raison pour laquelle tous les courants démocratiq­ues doivent se souder dans une alliance républicai­ne forte pour pouvoir induire le basculemen­t du rapport de forces en leur faveur et neutralise­r le pacte islamo-conservate­ur. Mais sans une union pliée à l’exigence du ralliement des seuls démocrates, une telle perspectiv­e ne pourra pas se concrétise­r», soutientil, convaincu que l’émiettemen­t des forces démocratiq­ues sert les intérêts du pouvoir mais aussi des islamistes. Pour le politologu­e Mohamed Hennad, deux choix s’offrent aux prometteur­s de «l’Algérie nouvelle». Le premier, c’est qu’«ils prennent note de leur échec sans appel et changent de politique en prônant l’ouverture sur les forces politiques et sociales». Le second, c’est qu’«ils s’entêtent dans leur égarement pour rendre la situation de l’Algérie plus dramatique encore et, à terme, ingérable».

Newspapers in French

Newspapers from Algeria