Air Algérie et l’ENTMV accusent d’énormes pertes
Les compagnies nationales de transport aérien et maritime ont cessé leurs activités depuis mars dernier en guise de mesure préventive contre la propagation de la pandémie Covid-19.
La crise sanitaire a fortement impacté le secteur des transports dans le monde entier. En Algérie, les compagnies nationales de transport aérien et maritime ont cessé leurs activités depuis mars dernier en guise de mesure préventive contre la propagation de la pandémie Covid-19.
Une mesure qui a lourdement impacté les finances des deux compagnies, Air Algérie et l’ENTMV. La compagnie nationale de transport aérien Air Algérie, qui a repris ce dimanche son programme de vols internes, est dans une situation financière difficile marquée par une perte de 40 milliards de dinars. Son PDG, Bekhouche Allache, qui a été reçu lundi par la commission des transports et des télécommunications de l’Assemblée populaire nationale, a indiqué que la compagnie se trouvait obligée de suspendre son programme de renouvellement de la flotte en raison des retombées économiques de la pandémie de Covid-19. «Cette opération approuvée par le gouvernement en 2018 est suspendue en raison des derniers développements», précise un communiqué de l’APN. La suspension touche également le programme d’ouverture de nouvelles dessertes.
«L’ouverture de nouvelles dessertes exige des études économiques profondes et, par conséquent, les lignes ouvertes resteront celles enregistrant une forte concurrence, à l’instar de la France et de la Turquie.» Dans le cas de la persistance de la crise sanitaire, la compagnie nationale, regrette le même responsable, pourrait connaître d’autres pertes à l’avenir. «Ce qui constituera un énorme obstacle face au développement des investissements de la compagnie», soutient-il. La reprise des vols dimanche dernier a constitué une bouffée d’oxygène pour la compagnie aérienne. «Cette décision relative à la reprise des vols internes est une occasion pour la compagnie afin d’ouvrir de nouvelles dessertes intérieures à partir de dimanche prochain, et ce, vers trois villes, en l’occurrence Mecheria, Tiaret et El Bayadh», annonce Allache Bekhouche en notant que toutes les mesures ont été prises par la compagnie dans le souci de garantir la sécurité et la santé des voyageurs. Concernant les vols à destination de l’étranger, le même responsable indique qu’ils demeureront consacrés au rapatriement des ressortissants bloqués à l’étranger. «Les vols commerciaux resteront suspendus jusqu’à nouvel ordre», dit-il. La situation financière difficile de la compagnie n’a toutefois pas occasionné des pertes d’emplois. «Le plan social mis en place par la compagnie a permis d’éviter les licenciements», rassure le PDG.
L’ENTMV ACCUSE 9 MILLIARDS DA DE PERTES
Le directeur général de l’Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs (ENTMV) qui a lui aussi été reçu par la même commission parlementaire, alerte de son côté sur les difficultés financières que rencontre la compagnie maritime. L’ENTMV accuse une perte de 9 milliards de dinars depuis la suspension du trafic des voyageurs le 17 mars dernier. Ahcène Gueraïria a souligné que «l’entreprise souffrait d’une crise financière et rencontre plusieurs difficultés, notamment pour le paiement des salaires des travailleurs, en raison de la suspension des dessertes maritimes», précise un communiqué de l’APN repris par l’APS. Il a ajouté que l’administration de l’entreprise «attend la décision des autorités pour la réouverture de l’activité maritime de transport des voyageurs afin de reprendre son programme et ses dessertes dans les plus brefs délais», espère-t-il. La flotte maritime est, pour rappel, composée de trois ferries, le Tariq Ibn Ziyed, le Tassili et El Djazaïr acquis il y a près de 19 années. Outre les difficultés financières de l’entreprise, ses capacités de transport sont aussi très faibles compte tenu de la demande. «Cette flotte ne peut pas concurrencer les flottes française et espagnole, notamment au regard de sa faible capacité d’accueil», regrette le DG de l’ENTMV en justifiant l’affrètement d’autres navires durant la saison estivale afin de couvrir le déficit en moyens de transport maritime. M. Gueraïria fait remarquer que «la capacité de l’unique car-ferry de la Tunisie dépassait celle de nos trois navires».
Le DG de l’ENTMV précise que même la réception en janvier prochain d’un nouveau navire d’une capacité de 1800 passagers est loin de combler le déficit enregistré. «Cette capacité supplémentaire demeure insuffisante», affirme M. Gueraïria avant d’appeler le secours de l’Etat. «La relance de l’activité de l’ENTMV dépendra de l’appui que devra fournir l’Etat», dit-il. Cec, et de souligner que «l’ouverture de nouveaux points maritimes et l’acquisition de nouveaux navires est le seul moyen susceptible de permettre à la compagnie de s’imposer et de répondre aux attentes de ses clients». Il évoquera d’ailleurs le dossier des dettes constituant désormais une charge pour l’entreprise, notamment sa dette auprès de Naftal qui s’élève à 209 milliards DA à rembourser en devises. M. Gueraïria précise également que parallèlement à cette situation financière difficile, l’ENTMV applique des tarifs très compétitifs.
«Le prix des billets de l’ENTMV incluant les trois repas restent moins chers, comparés aux offres étrangères, en dépit des faibles capacités de l’entreprise», soutient le même responsable. Concernant les retombées de la crise sanitaire sur les activités de l’aéroport d’Alger, le PDG de ce dernier, Tahar Allache, a affirmé pour sa part devant la commission parlementaire que la trésorerie de l’infrastructure aéroportuaire a permis de gérer la crise sans difficultés.
Il souligne toutefois son inquiétude dans le cas où la crise perdurera davantage. Surtout que les vols extérieurs sont plus rentables pour l’aéroport. Notons que la réalisation de l’infrastructure a coûté une enveloppe de 74 milliards de dinars, dont 62 milliards au titre d’un crédit remboursable jusqu’en 2026 et 12 milliards financés par la société. N. B.