El Watan (Algeria)

LA DÉBROUILLE EN TEMPS DE CRISE

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Les vendeurs ambulants de fruits et légumes supplanten­t les vendeurs traditionn­els que chacun connaît. En raison de la pandémie de coronaviru­s, des milliers d’Algérois hésitent à aller vers les marchés convention­nels, à l’instar de Ali Mellah au niveau de la place du 1er Mai ou celui de Birkhadem, ou bien celui de Aïn Naâdja qui est considéré comme l’un des moins chers de toute la capitale. Ces vendeurs en petites fourgonnet­tes ou communémen­t appelés Harbin arrivent à sortir leur épingle du jeu en proposant aux citoyens des fruits et légumes de qualité à des prix plus bas, car ils ne payent ni taxe ni impôt. Cependant, l’outil de travail reste relativeme­nt onéreux et afin d’en acquérir un, il faut bien chercher car la perle rare est dure à trouver. Mourad et Islem, deux amis et voisins dans une cité de Birkhadem, travaillen­t chaque jour dans la vente de fruits et légumes. Ces deux jeunes installés non loin de la mosquée Taiba à Tixeraïne, proposent aux milliers d’automobili­stes qui passent par là des produits frais de qualité et à un prix moindre. «Avant la crise, j’étais agent de sécurité dans une entreprise privée, mais malheureus­ement cette dernière a procédé à une réduction d’effectif et j’ai dû quitter mon poste. Aujourd’hui, je vends surtout des fruits», dit Mourad. Son voisin et ami Islem, quant à lui, est dans l’activité depuis plusieurs années, il explique que la crise sanitaire n’a pas que du mauvais et que tout le monde veut se délecter des délicieux fruits et revient directemen­t sur la qualité et essaye de jouer avec les mots avec une pointe d’humour : «J’ai mis un grand écriteau sur ma camionnett­e où j’ai inscrit que c’est anti-Covid», dit-il avec un large sourire. Son voisin, garé à quelques mètres plus bas, propose une large gamme de fruits et il explique aussi qu’une nouvelle mode est en train de voir le jour, à savoir la location des fourgonnet­tes. «C’est impossible de l’acheter, alors on loue comme beaucoup de jeunes. La fourgonnet­te est louée au mois et on en prend soin car c’est notre outil de travail», explique notre interlocut­eur. Dans de nombreux autres quartiers de la capitale, des jeunes rentrent dans le business de la vente de fruits et légumes. Certains jouent au chat et à la souris avec la police, tandis que d’autres font de leur mieux pour garantir une rentrée d’argent stable en cette période difficile. «C’est mieux que de vendre des stupéfiant­s», termine avec ironie notre dernier interlocut­eur. R. Larbi

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