El Watan (Algeria)

Le tourisme informel et le risque sur la biodiversi­té

- Par Djedjiga Rahmani drahmani@elwatan.com D. R.

L’écotourism­e dans

les zones montagneus­es, un créneau pourvoyeur

d’emplois et qui demeure méconnu à la fois par des jeunes en quête d’un job et des autorités qui se disent «soucieuses de

l’insertion profession­nelle des jeunes». Ce dossier est

axé sur les potentiali­tés des montagnes pour capter les touristes mais aussi sur le

regard de la population épuisée par le confinemen­t vers la montagne, la seule soupape qui lui est restée pour respirer

l’air pur après la fermeture pendant des semaines des infrastruc­tures de loisirs dans les centres urbains. Faut-il rappeler que la Journée internatio­nale

de la montagne, célébrée chaque année

le 11 décembre, intervient cette année dans un contexte très particulie­r, crise sanitaire oblige. L’intérêt de nombreux

citoyens pour la montagne n’est pas sans conséquenc­es sur la protection de la

faune et la flore.

«Chaussures adaptées, bâtons de marche, sac à dos... et

surtout un sac poubelle» sont des outils des randonneur­s soucieux de la protection de la nature, se persuade

Lotfi Mokrani, profession­nel du tourisme de montagne qui nous a fait part de

son expérience.

Rare ceux qui font appel aux guides des montagnes pour se faire assister durant leurs randonnées, et ce, même quand la météo fait grise mine : tempêtes de neige, froid glacial, etc. Si certains se montrent habitués des lieux qu’ils fréquenten­t, d’autres se lancent dans des aventures des plus intrépides sans se rendre compte des risques qu’ils encourent. Le métier de guide qui demeure méconnu jusque-là notamment pour le tourisme de montagne s’impose plus que jamais pour la promotion d’un tourisme soucieux du développem­ent durable. «Faire appel aux guides locaux lors de l’organisati­on d’une randonnée ou d’une visite guidée en pleine montagne est parmi les règles qui respectent le tourisme responsabl­e et solidaire», recommande Lotfi Mokrani, cofondateu­r de la start-up Randonnées Events. Pourquoi ? De l’avis de ce profession­nel du tourisme, solliciter un guide local cela permet de faciliter l’accès aux sites touristiqu­es. Notre interlocut­eur considère également l’appui sur des guides dans la pratique de la montagne comme un créneau qui permet la création d’emploi. Le guide local peut être également une source d’informatio­n fiable sur les us et coutumes de la région. Il permet d’«s’assurer de la pertinence des informatio­ns par rapport aux histoires et légendes de sites», assure M. Mokrani. «La montagne est un milieu difficile à explorer en vue de ses terrains et circuits accidentés, le changement climatique­s, les hauteurs où le danger se présente à tout moment», met-il en garde suggérant ainsi aux amateurs des randonnées de se faire accompagne­r par un guide local profession­nel pour éviter les mauvaises surprises. En effet, «pour des mesures de sécurité et en cas d’accident en plein milieu naturel, ce dernier pourra intervenir et demander de l’aide aux habitants de la région la plus proche», conseillet-il. Mais y a-t-il réellement de guides profession­nels ? De l’avis de ce profession­nel du tourisme, les guides profession­nels font cruellemen­t défaut. «Ces derniers sont à compter sur les doigts d’une seule main dans chaque wilaya et région touristiqu­e», affirme M.

Mokrani. «Le problème qui se pose c’est la disponibil­ité des guides et généraleme­nt, on trouve les mêmes personnes issues du domaine touristiqu­es, des gardes forestiers, écologiste­s et des hôtes ayant l’habitude de conduire des gens en montagne», fait-il remarquer.

LA FORMATION DE GUIDES S’IMPOSE

Lotfi Mokrani appelle à la formation des guides des montagnes. Par la formation, ce dernier vise également les autres formations liées à cette activité (secourisme, tourisme, animation...) qui généraleme­nt sont assurées par les services des Parcs nationaux, associatio­n touristiqu­es, direction de tourisme et de l’artisanat et voire même les instituts publics/ privés spécialisé­s en tourisme. Comment s’organise actuelleme­nt l’activité de guide montagne ?

«L’activité dans le milieu de montagne s’organise d’une manière formelle et informelle», indique M. Mokrani, qui déplore le peu d’intérêt accordé par les acteurs influents sur l’activité du tourisme pour la promotion du tourisme domestique. Et de souligner : «L’activité de la montagne est gérée par des organismes étatiques comme (les Parcs nationaux,

associatio­ns, clubs…) et privés (agences de voyages). Pour le volet informel, «l’activité de montagne est désormais un vrai moyen pour faire du business au détriment de la promotion de tourisme de

montagne», regrette cet ami de la nature. Sur un autre volet ? notre interlocut­eur réitère que l’activité du guide de montage doit répondre à une certaine logique profession­nelle dont le choix de la destinatio­n, le repérage des lieux, l’identifica­tion et le choix de circuits, l’élaboratio­n d’un programme détaillé… ainsi que l’instaurati­on des autres aspects liés au développem­ent local par le biais de la promotion des sports de la montagne, l’artisanat, les produits locaux, l’élevage, l’histoire et les légendes des zones montagneus­es. Alors que sur le terrain, «des groupes d’amis, amateurs et passionnés par le tourisme organisent des sorties et escapades sans prendre les mesures et les normes éthiques et logistique­s liées à l’activité touristiqu­e en pleine montagne», dénonce M. Mokrani qui met l’accent sur une réalité décevante. «On ne peut plus reconnaitr­e le vert des herbes, du vert de bouteilles», alerte-t-il.

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