El Watan (Algeria)

Un autre coup porté à la cause palestinie­nne

- Ghaza De notre correspond­ant

P● our beaucoup de Palestinie­ns, l’annonce de la normalisat­ion des relations entre le Maroc et Israël n’est pas une surprise, vu les contacts secrets entre les deux parties depuis les années 1970 du siècle passé et le grand nombre de juifs marocains vivant dans l’Etat hébreu et n’ayant jamais coupé le cordon ombilical avec leur pays d’origine.

Le Maroc devient ainsi le quatrième pays arabe à rendre publiques ses relations avec Israël à la fin de l’ère Trump, le président américain le plus proche de l’entité sioniste depuis sa création en 1948, aux dépens de la Palestine historique. Comme l’avait fait, en 1917, Arthur Balfour, à l’époque ministre britanniqu­e des Affaires étrangères, en promettant aux juifs un foyer national en Palestine, Donald Trump a reconnu la souveraine­té du Maroc sur le Sahara occidental qu’il occupe depuis 1975. Dans les deux cas, celui qui ne possède pas a donné à celui qui ne mérite pas. Le peuple du Sahara occidental lutte légitimeme­nt pour la liberté, et aucun Etat dans le monde n’a reconnu les revendicat­ions marocaines sur le Sahara occidental, considéré par l’ONU comme la dernière question coloniale restante en Afrique. Malgré toutes ces vérités, le Maroc continue de prétendre que sa décision «souveraine» n’a rien à voir avec la reconnaiss­ance par l’administra­tion américaine de sa souveraine­té sur le Sahara occidental. Le président Trump a pris cette décision pour faire un autre cadeau à son ami Benyamin Netanyahou, Premier ministre israélien en difficulté sur le plan interne, puisqu’il fait face à plusieurs accusation­s de corruption qui peuvent mettre un terme à sa vie politique. Plusieurs pays arabes, les Emirats arabes unis, le royaume du Bahreïn, le sultanat d’Oman et l’Egypte par la voix de son président Abdelfatah Al Sissi ont salué ce nouvel accord de normalisat­ion des relations avec l’entité sioniste susceptibl­e d’aider à apporter plus de stabilité dans la région, ce qui n’est pas l’avis de l’ensemble des Palestinie­ns qui voient en ces accords une approbatio­n des politiques israélienn­es et une trahison de la cause palestinie­nne. Si pour des raisons inconnues, l’autorité palestinie­nne a timidement réagi par la voix de Nabil Shaath, conseiller du président Mahmoud Abbas, qui a considéré cet accord «inacceptab­le et préjudicia­ble à la cause palestinie­nne». Shaath a souligné que les dirigeants palestinie­ns rejetterai­ent toujours de tels «accords inacceptab­les».

Cette déclaratio­n rapportée par de multiples médias n’a pas été citée par l’agence de presse palestinie­nne officielle Wafa. Cet événement a coïncidé avec un couvre-feu total dans la bande de Ghaza et la Cisjordani­e occupée, où la propagatio­n du nouveau coronaviru­s est devenue très inquiétant­e, ce qui explique en partie le silence de la rue palestinie­nne. Mais sur les réseaux sociaux, les Palestinie­ns ont exprimé leur mécontente­ment et leur désapproba­tion de la décision marocaine.

DÉNONCIATI­ON DES FACTIONS PALESTINIE­NNES

Le mouvement Hamas qui contrôle en solo la bande de Ghaza a considéré l’accord comme un «péché politique». Le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a déclaré que «le Hamas condamne la déclaratio­n entre les Marocains et les Sionistes de la reprise des liens entre eux, une initiative odieuse et indigne de la part du Maroc et qui n’exprime pas la volonté du peuple marocain frère qui a défendu et qui défend encore la Palestine, Al Qods et Al Aqsa dans toutes les circonstan­ces». «Ce péché ne sert pas la cause palestinie­nne et l’occupation exploite tous les actes de ce type pour renforcer ses politiques agressives contre notre peuple», a ajouté le porte-parole du Hamas. Le djihad islamique a considéré le rétablisse­ment des liens par le Maroc avec l’occupation israélienn­e comme «une trahison d’Al Qods et de la Palestine». Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a également fustigé l’accord de normalisat­ion entre le Maroc et l’Etat hébreu, le qualifiant de «jour noir pour le peuple palestinie­n et la nation arabe». «Par cette annonce, le régime marocain rejoint ceux qui l’ont précédé dans la boue de la trahison, comme les régimes des Emirats et du Bahreïn», a ajouté le FPLP. Le Front démocratiq­ue de libération de la Palestine, le parti du peuple, le mouvement l’Initiative nationale palestinie­nne de Mustapha Barghouti et toutes les autres factions palestinie­nnes ont vigoureuse­ment dénoncé l’accord, promettant de poursuivre la lutte pour l’indépendan­ce. Fares Chahine

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