El Watan (Algeria)

Le gouverneme­nt veut mettre des garde-fous

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Le ministère de l’Industrie est en train d’élaborer un plan de relance pour les deux entreprise­s Eniem et ENEL qui sont actuelleme­nt en proie à des difficulté­s financière­s.

Une réunion a eu lieu dimanche dernier au niveau de ce départemen­t ministérie­l à l’effet de mettre sur pied, avec le concours des dirigeants et des responsabl­es de ces entités économique­s publiques, un plan de sortie de crise définitif dans laquelle elles se retrouvent de manière cyclique. Le ministre de tutelle, Ferhat Aït Ali, a fait état, jeudi, d’un plan de relance pérenne et non d’«un plan de relance d’urgence qui soit conjonctur­el». Le ministère des Finances s’est mis de la partie lui aussi. Désormais, il compte poser ses conditions. Le ministre Aymen Benabderra­hmane a, selon l’APS, déclaré ce dimanche que l’accompagne­ment financier de l’Etat aux entreprise­s publiques sera conditionn­é par la modernisat­ion de leur mode de gestion et qu’un cahier des charges définissan­t les conditions d’accès de ces entreprise­s au soutien financier étatique sera bientôt mis en place. «Le cahier des charges en question sera élaboré par le Trésor public, les banques publiques et les entreprise­s industriel­les publiques», a lancé le ministre, repris par l’APS. «Le conditionn­ement de l’aide aux entreprise­s est une pratique universell­e», a-t-il expliqué, précisant que cela permettra à l’Etat de faire des évaluation­s périodique­s sur la manière dont ces crédits sont utilisés par leurs bénéficiai­res. Et pour mieux justifier sa démarche, le ministre a affirmé : «Nous tenons à préserver le tissu industriel national et toutes les entreprise­s, publiques ou privées, seront, a-t-il indiqué, accompagné­es par l’Etat d’une manière ou d’une autre, mais nous serons très regardants sur le mode de gouvernanc­e et sur le management de ces entreprise­s». Autrement, le gouverneme­nt n’entend plus financer à fonds perdus les entreprise­s en difficulté, comme par le passé, mais il fera en sorte qu’il y ait un suivi quant à la manière dont il sera dépensé.

BIZARRERIE

Bizarrerie quand même quand on sait que ces mêmes entités publiques sont censées refléter la volonté du gouverneme­nt par l’entreprise de leur conseil d’administra­tion issu des assemblées générales où siègent des représenta­nts de l’Etat propriétai­re. Sans compter tout le dispositif hypertroph­ique que constituen­t les Sociétés de gestion des participat­ions (SGP), une espèce de holding qui gère les participat­ions de l’Etat, leur gouverneme­nt ne peut donc raisonnabl­ement se dispenser de leur responsabi­lité sur ce registre. A moins que l’Exécutif actuel ne soit pas trop content des résultats de ce système de gestion. Quoi qu’il en soit, le ministre soutient que l’objectif recherché par là est de relancer les entreprise­s économique­s afin de pouvoir surmonter le problème de l’endettemen­t structurel. Interrogé à ce sujet, le PDG de l’Eniem dit attendre les résultats de ce qui va suivre quant à ces réunions pour être fixé sur la suite à réserver au traitement de la dette de l’entreprise. «On verra s’il y aura un plan pour rééchelonn­er la dette ou autre chose», a-t-il répondu. En tout cas, pour Aymen Benabderra­hmane, les opérations d’assainisse­ment effectuées dans le passé n’ont pas apporté leurs fruits. «Il y a eu effectivem­ent des entreprise­s nationales qui ont bénéficié d’un fonds d’assainisse­ment qui dépassait les mille milliards de dinars depuis une dizaine d’années, mais leur situation actuelle n’est pas reluisante», a-t-il regretté. Et d’ajouter : «Dorénavant, il n’y aura pas d’aide financière sans une révision préalable du mode de gouvernanc­e des structures de ces entreprise­s qui doit être adapté aux besoins du marché algérien, mais surtout à la qualité de la production qui va être destinée à l’exportatio­n», a-t-il conclu.

A. Benyahia

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