Bahreïn et Haïti ouvrent leurs consulats dans les territoires occupés
Le royaume de Bahreïn et Haïti ont ouvert hier un consulat au Sahara occidental, rapporte l’AFP. Cette opération intervient après l’annonce jeudi par le président américain, Donald Trump, de l’engagement du Maroc à normaliser ses relations avec Israël et de la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Le consulat du royaume du Bahreïn a été inauguré à Laâyoune, la principale ville de l’ancienne colonie espagnole. La République d’Haïti a pour sa part choisi Dakhla, grand port de pêche situé plus au Sud, pour ouvrir sa représentation diplomatique deux jours après l’inauguration de son ambassade à Rabat.
Par ailleurs, l’ancien émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a affirmé hier que la décision du président américain de reconnaître une prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ne change rien à l’approche de la communauté internationale sur ce conflit. Il est «évident que la proclamation du président américain sortant reconnaissant une souveraineté qui n’appartient ni à lui ni au Maroc est insensée, irréfléchie et dangereuse». Cette «décision ne change rien à l’approche de la communauté internationale sur le dossier du Sahara occidental et à la nécessité urgente d’appliquer les résolutions successives du Conseil de sécurité», a déclaré Christopher Ross, rapporte l’APS relayant la radio algérienne Chaîne 3. Il a rappelé dans cette optique que la position de l’Algérie «est claire, elle soutient le droit des peuples à l’autodétermination». Et d’ajouter : «L’administration Trump fait fi» de cette nécessité «de la manière la plus flagrante, en tournant le dos au principe de l’autodétermination». «On se demande tous pourquoi le président Trump a fait cette déclaration vu que depuis le début de son mandat il y avait de fortes voix qui lui disaient qu’il ne fallait pas changer la position des Etats-Unis», s’est-il interrogé. Il a observé que la décision de Trump «va compliquer l’arrivée à un accord et contribuer à une tension dangereuse et croissante» qui «menace la paix et la sécurité» dans la région. Il a appelé l’administration du président élu Joe Biden, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, à «annuler» la décision de son prédécesseur «dès son arrivée» à la Maison-Blanche.
Christopher Ross a été nommé en 2009 envoyé personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour le Sahara occidental. Il a démissionné de son poste le 6 mars 2017. Sur sa page Facebook, il a écrit dimanche que le Maroc a fait preuve d’un «manque de respect» et a entravé le travail des émissaires de l’ONU. Il a indiqué qu’un autre ancien émissaire onusien, Horst Kohler, n’aurait pas démissionné de son poste pour des «raisons de santé» mais plutôt «parce qu’il était dégoûté par le manque de respect du côté marocain et les efforts déployés pour entraver son travail, comme cela a été le cas pour moi».
Autre cas évoqué : l’émissaire James Baker. Ce dernier a démissionné en 2004 lorsque Rabat a annoncé qu’une solution impliquant un référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui constitue une atteinte à sa souveraineté. Le Maroc a pourtant accepté la solution du référendum en 1991, a rappelé l’ancien diplomate américain. Comme il a affirmé que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est actuellement à la recherche d’un autre émissaire pour le dossier sahraoui, mais «tous ceux qui ont été approchés jusqu’ici ont hésité, probablement parce qu’ils savent que le Maroc cherche en réalité quelqu’un qui soit susceptible de devenir son avocat plutôt que de rester neutre». R. I.