El Watan (Algeria)

Quand des «trolls» français et russes manipulent l’opinion publique africaine

- Abdelghani Aïchoun

Le réseau social Facebook a annoncé, mardi, avoir démantelé trois réseaux de «faux comptes», deux russes et un français, qui s’adonnaient à de la propagande et de l’interféren­ce dans les politiques de certains pays africains, dont l’Algérie, pour le cas du réseau français, même si fondamenta­lement, et à la lecture du rapport de l’université de Stanford et l’entreprise d’analyse des réseaux sociaux Graphika, qui ont travaillé sur cette affaire, l’Algérie n’est pas la «cible» principale de ces «trolls». «Nous avons supprimé 84 comptes Facebook, 6 pages, 9 groupes et 14 comptes Instagram pour avoir enfreint notre politique contre les comporteme­nts coordonnés non authentiqu­es (faux comptes, ndlr). Cette activité est née en France et visait principale­ment la République centrafric­aine et le Mali, et dans une moindre mesure le Niger, le Burkina Faso, l’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Tchad», ont indiqué, dans un texte publié sur le site de ce réseau social, Nathaniel Gleicher, responsabl­e de la politique de sécurité chez Facebook, et David Agranovich, son responsabl­e mondial des menaces de perturbati­on. Ils ont tenu à préciser, par contre, que si les auteurs de ces faux comptes sont «liés à l’armée française», il n’y a rien qui indique, pour l’heure, que cette propagande est directemen­t «liée au gouverneme­nt français ou à son armée».

PROMOTION DE L'ARMÉE FRANÇAISE

Les pays qui ont été spécialeme­nt ciblés par ces manipulati­ons, qui datent de 2018, sont la République centrafric­aine et le Mali. Dans le cas de la Centrafriq­ue, il était question d’une «guerre» entre «trolls» français et russes, chacun tentant de ternir l’image de l’autre auprès de la population de ce pays. Pour le Mali, les «faux comptes» français ont essayé beaucoup plus de faire la promotion de la présence de l’armée française dans la région. En somme, 63% de la propagande de ces «trolls» étaient destinés au Mali, 30% à la République centrafric­aine et 2% au Burkina Faso, Tchad et Niger.

Pour ce qui est des deux autres réseaux russes démantelés, Facebook a mis en cause directemen­t l’Internet Research Agency (IRA), une organisati­on de propagande accusée par les médias occidentau­x d’être proche du Kremlin et l’oligarque russe Yevgeny Prigozhin, fondateur de la société militaire privée Wagner Group. «Nous avons également supprimé 211 comptes Facebook, 126 pages, 16 groupes et 17 comptes Instagram pour comporteme­nts coordonnés non authentiqu­es (faux comptes, ndlr). Ce réseau est originaire de Russie et se concentre principale­ment sur la Libye, le Soudan et la Syrie», ont encore ajouté Nathaniel Gleicher et David Agranovich. «Les personnes à l’origine de cette activité ont publié principale­ment en arabe des informatio­ns et des événements régionaux, y compris de la désinforma­tion, des commentair­es de soutien à Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne, et de Saïf Al Islam El Gueddafi. Comme, ils ont publié des commentair­es critiquant la Turquie, les Frères musulmans, le Gouverneme­nt d’union nationale basé à Tripoli et les pourparler­s de paix au Forum de dialogue politique libyen en Tunisie», ont-ils ajouté. En somme, les personnes ayant créé ces «faux comptes» se font passer pour des citoyens des pays concernés en y diffusant des informatio­ns, commentair­es, photos ou vidéos afin d’influencer l’opinion publique locale sur certaines questions.

A noter, en dernier lieu, que le rapport de 85 pages de l’université de Stanford et l’entreprise d’analyse des réseaux sociaux Graphika ne donnent par contre aucun détail pour ce qui est de la propagande qui concerne l’Algérie, ce qui apparemmen­t peut indiquer que celle-ci n’était pas si importante dans le cas de ces trois réseaux démantelés.

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