Relâchement préjudiciable
Faut-il gérer la crise par la peur ? C’est le sentiment qui se dégage de l’attitude désinvolte de nos citoyens face à la pandémie. Un certain relâchement de vigilance suit étroitement la tendance des contaminations. Au gré des chiffres rendus publics quotidiennement, le comportement passe à l’inquiétude exagérée, au point de remettre en cause certains assouplissements du confinement. La reprise scolaire et universitaire a fait partie de ces appréhensions longtemps entretenues. La peur de la formation de clusters dans ces milieux d’étudiants a suffi pour avoir un avis tranché sur la multiplication des vecteurs de transmission du virus. Et les premières victimes toutes désignées ne seront alors que les parents déjà atteints par l’âge, voire par des maladies chroniques. Ne se basant sur aucune donnée scientifiquement prouvée, cette crainte a disparu aussi vite qu’elle s’est répandue. Le citoyen demeure otage des rumeurs contradictoires, faute d’un encadrement pragmatique, vulgarisé par des professionnels de la recherche scientifique. Les praticiens de la santé ne peuvent, à eux seuls, sensibiliser la population sur tous les aspects liés à la lutte contre la Covid-19. L’apport des épidémiologistes et autres virologues est nécessaire à la compréhension souhaitée exhaustive des données de cette maladie du siècle. A défaut, c’est le flou qui envahit les esprits et qui les éloigne de tout raisonnement objectif. Il va sans dire que tout un chacun est enclin à mieux succomber aux minimes lueurs d’espoir que fait miroiter l’arrivée des vaccins que de patienter un tant soit peu afin d’éviter les risques inutiles, mais capables du pire. Le positivisme conjoncturel du citoyen cache mal son désarroi face à une maladie dont il ignore presque tout. Une simple décision d’allégement du confinement prise sous la contrainte économique est vite interprétée comme une victoire sur le virus, voire son éradication définitive. C’est l’ambiance apaisante qui est née de la reprise des dessertes aériennes entreprises par des compagnies nationales, particulièrement vers le sud du pays. Elle est amplifiée par le mouvement des agences de tourisme impatientes de reprendre leur activité gelée depuis bientôt une année. D’ores et déjà, des offres alléchantes de séjours agrémenté de riches programmes culturels et de visites de sites naturels et historiques foisonnent sur les réseaux sociaux et autres supports publicitaires. La tendance est au relâchement, malgré la persistance du danger. Des alertes parviennent du sud de l’Angleterre et tout récemment de l’Afrique du Sud pour informer l’Organisation mondiale de la santé sur un nouveau mutant du virus qui s’attaque même aux jeunes personnes, plus ou moins épargnées jusqu’à présent. Cette menace doit être prise au sérieux et l’occasion de rappeler à tous l’impératif des mesures sanitaires à respecter tant que le mal persiste encore. Les mesures d’assouplissement doivent être accompagnées de conditions disciplinaires rigoureuses à faire respecter par tous. C’est l’unique rempart réalisable sans panique.