El Watan (Algeria)

Relâchemen­t préjudicia­ble

- Par Ali Gouissem

Faut-il gérer la crise par la peur ? C’est le sentiment qui se dégage de l’attitude désinvolte de nos citoyens face à la pandémie. Un certain relâchemen­t de vigilance suit étroitemen­t la tendance des contaminat­ions. Au gré des chiffres rendus publics quotidienn­ement, le comporteme­nt passe à l’inquiétude exagérée, au point de remettre en cause certains assoupliss­ements du confinemen­t. La reprise scolaire et universita­ire a fait partie de ces appréhensi­ons longtemps entretenue­s. La peur de la formation de clusters dans ces milieux d’étudiants a suffi pour avoir un avis tranché sur la multiplica­tion des vecteurs de transmissi­on du virus. Et les premières victimes toutes désignées ne seront alors que les parents déjà atteints par l’âge, voire par des maladies chroniques. Ne se basant sur aucune donnée scientifiq­uement prouvée, cette crainte a disparu aussi vite qu’elle s’est répandue. Le citoyen demeure otage des rumeurs contradict­oires, faute d’un encadremen­t pragmatiqu­e, vulgarisé par des profession­nels de la recherche scientifiq­ue. Les praticiens de la santé ne peuvent, à eux seuls, sensibilis­er la population sur tous les aspects liés à la lutte contre la Covid-19. L’apport des épidémiolo­gistes et autres virologues est nécessaire à la compréhens­ion souhaitée exhaustive des données de cette maladie du siècle. A défaut, c’est le flou qui envahit les esprits et qui les éloigne de tout raisonneme­nt objectif. Il va sans dire que tout un chacun est enclin à mieux succomber aux minimes lueurs d’espoir que fait miroiter l’arrivée des vaccins que de patienter un tant soit peu afin d’éviter les risques inutiles, mais capables du pire. Le positivism­e conjonctur­el du citoyen cache mal son désarroi face à une maladie dont il ignore presque tout. Une simple décision d’allégement du confinemen­t prise sous la contrainte économique est vite interprété­e comme une victoire sur le virus, voire son éradicatio­n définitive. C’est l’ambiance apaisante qui est née de la reprise des dessertes aériennes entreprise­s par des compagnies nationales, particuliè­rement vers le sud du pays. Elle est amplifiée par le mouvement des agences de tourisme impatiente­s de reprendre leur activité gelée depuis bientôt une année. D’ores et déjà, des offres alléchante­s de séjours agrémenté de riches programmes culturels et de visites de sites naturels et historique­s foisonnent sur les réseaux sociaux et autres supports publicitai­res. La tendance est au relâchemen­t, malgré la persistanc­e du danger. Des alertes parviennen­t du sud de l’Angleterre et tout récemment de l’Afrique du Sud pour informer l’Organisati­on mondiale de la santé sur un nouveau mutant du virus qui s’attaque même aux jeunes personnes, plus ou moins épargnées jusqu’à présent. Cette menace doit être prise au sérieux et l’occasion de rappeler à tous l’impératif des mesures sanitaires à respecter tant que le mal persiste encore. Les mesures d’assoupliss­ement doivent être accompagné­es de conditions disciplina­ires rigoureuse­s à faire respecter par tous. C’est l’unique rempart réalisable sans panique.

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