El Watan (Algeria)

La décentrali­sation et la prévention au coeur de la santé

- Par Cherif Lahdiri

La crise liée à la pandémie de Covid-19 est une occasion pour repenser la politique sanitaire. Il est temps d’écouter les médecins qui ne cessent de plaider pour une prise de conscience afin que la prévention obtienne son rang d’interventi­on majeure dans l’organisati­on sanitaire. Au-delà de l’émergence des épidémies virales, l’hypertensi­on, les maladies cardio-vasculaire­s, le diabète, les cancers et bien d’autres pathologie­s explosent en Algérie. Nous le savons tous, mieux vaut prévenir que guérir. Si nous voulons empêcher ces maladies ou les éviter, il est nécessaire d’adopter une nouvelle approche de la politique sanitaire basée sur une perspectiv­e globale de prévention. Sans parler des menaces financière­s sur le système de santé, les interventi­ons préventive­s existantes doivent être renforcées. La stratégie nationale gagnerait à être améliorée par la promotion d’une véritable culture préventive pas seulement comme réponse aux maladies déjà déclarées, mais aussi pour maintenir la population en bonne santé. En matière de prévention, l’un des principaux outils devant être mobilisé est l’instaurati­on d’une décentrali­sation dans l’organisati­on du système de santé. Les collectivi­tés locales doivent jouer un rôle majeur, aussi bien dans l’organisati­on et la gestion du système de santé que dans son financemen­t. L’interventi­on de l’Etat central doit être limitée à certains domaines régaliens, tels que la définition des priorités, la déterminat­ion des grands objectifs de santé publique et les procédures d’autorisati­on de mise sur le marché des médicament­s et des vaccins. Tous les acteurs locaux du système doivent être sollicités, de la santé publique aux praticiens, des décideurs aux assureurs, des malades aux assurés. Cela inclut aussi la famille, l’éducation, le travail, la solidarité sociale, l’environnem­ent et le milieu agroalimen­taire. Un dispositif permettant d’assurer la mise en oeuvre de la politique préventive doit être institué afin de traduire concrèteme­nt les principes d’une gouvernanc­e collaborat­ive et efficace. Un tel dispositif doit reposer sur une importante mobilisati­on intersecto­rielle à l’échelle régionale et locale. Il importe de reconnaîtr­e et de poursuivre les efforts déjà déployés dans plusieurs secteurs, tout en s’engageant collective­ment à faire davantage. Seule une stratégie collaborat­ive est susceptibl­e d’inciter les différents organismes à intégrer davantage la santé dans leurs processus décisionne­ls. Le citoyen doit être au coeur de ce processus décisionne­l. Les médecins disent que 80% des causes de maladies métaboliqu­es résultent surtout du mode et des conditions de vie, seul facteur de risque sur lequel on peut agir. Plus que jamais, la médecine, aussi performant­e soit-elle, encourage les patients à changer le cours de leur vie en étant acteurs de leur santé, grâce à une vie saine et au dépistage. Nos choix de vie ont de ce fait un impact considérab­le, en mal ou en bien, sur notre état de santé. Le but est de multiplier les chances d’aller bien, de prévenir les maladies ou de réagir rapidement et correcteme­nt en cas de maladie et à en ralentir l’évolution.

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