L’Algérie mise sur le Sputnik V
UN CONTRAT DEVRAIT ÊTRE SIGNÉ AVEC LE LABORATOIRE RUSSE GAMALEYA
La relative accessibilité du vaccin russe par rapport aux autres produits des laboratoires occidentaux, son prix et le fait qu’il n’exige pas de conditions de conservation compliquées ont pesé dans le choix du gouvernement.
La Russie, pays ami de l’Algérie, vole au secours du gouvernement et du comité scientifique pour pouvoir relever le défi et être au RDV vaccinal à l’instar des autres pays du monde. L’Algérie s’apprête à signer incessamment un contrat avec les Russes pour l’acquisition de quelques centaines de milliers de doses de vaccin afin d’entamer la campagne de vaccination contre la Covid-19 en janvier prochain, selon les instructions du président de la République. Un deuxième quota sera livré dans pas moins d’un mois, avons-nous appris de source sûre, qui affirme que «les autorités algériennes n’écartent pas l’éventualité d’acquérir des doses supplémentaires d’autres vaccins en course, en attendant l’offre du Covax». Le vaccin à base d’adénoviorus, un vaccin classique, toujours à l’essai, et développé par le Gamaleya National Research Institute d’épidémiologie et de microbiologie contre la Covid-19 en Russie, Sputnik V, est le premier vaccin choisi dimanche lors de la réunion consacrée à l’examen des voies et moyens permettant l’acquisition du vaccin contre le coronavirus (Covid-19) et l’évaluation de la situation épidémiologique en Algérie, présidée par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad. Le choix porté sur le vaccin russe s’explique par le fait qu’il possède un avantage non négligeable. Il est basé sur deux adénovirus modifiés, une technologie vaccinale moins fragile. L’autre enjeu important est la conservation de ces vaccins, au vu du nombre important de doses livrées en même temps et du froid nécessaire pour le stockage, selon les explications du comité scientifique présidé par le ministre de la Santé, le Pr Abderrahmane Benbouzid, à travers une présentation, faite lors de cette réunion, sur l’ensemble des vaccins actuellement commercialisés, leurs spécificités, les caractéristiques scientifiques et leurs techniques de développement. Ce choix a été également dicté par la situation épidémiologique et les moyens logistiques dont dispose l’Algérie pour la conservation, le transport et le stockage du vaccin. Sputnik V a semblé le mieux indiqué conformément aux critères exigés par le comité scientifique, à savoir l’efficacité, la sécurité et surtout les conditions de conservation, mis à part la préqualification de l’OMS, non encore déclarée. En plus de ces aspects techniques et scientifiques, l’acquisition rapide de quelques doses en si peu de temps est un atout supplémentaire pour un choix vite fait avec un prix jugé raisonnable à moins de 20 dollars les deux doses requises. «Il s’agit d’un vaccin classique, facile à manipuler vu que nos structures ont une longue expérience dans le domaine de la vaccination. Ce vaccin a montré son efficacité à 92%, selon le Fonds souverain russe (RDIF) et l’Institut de recherche Gamaleya. Il est le mieux adapté pour notre pays», affirme notre source. Ce vaccin nécessite donc une procédure d’enregistrement pour sa mise sur le marché à titre d’urgence, nous explique-t-on. Le Dr Bekkat Berkani, membre du conseil scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie, explique qu’«il est clair que nous devons acquérir un vaccin qui réponde aux normes de sécurité et d’innocuité et le mieux adapté à nos possibilités d’utilisation dans nos structures de santé», a-t-il déclaré en faisant allusion aux difficultés de conservation à basse température de certains vaccins. «Le vaccin classique est le mieux adapté pour nous», a-t-il ajouté, et de signaler qu’«il faut maintenant passer à l’exécution de la stratégie de vaccination, élaborée par les experts, dans son volet communication et d’information à l’égard des personnes cibles, notamment les personnes âgées et le personnel de santé». Et d’appeler à «faire confiance» et «faire tomber la méfiance vis-à-vis des vaccins qui ne sont pas issus des grands laboratoires occidentaux», a-t-il ajouté.
L’Algérie rejoint ainsi la Hongrie, le Bélarus, l’Inde ou les Emirats arabes unis dans la liste des pays testant ce vaccin russe. Ces pays ont, rappelons le, participé aux essais cliniques pour tester le vaccin. Distribué à Mouscou le 5 décembre dernier, ce vaccin contre le coronavirus nécessite deux injections, la deuxième dose 21 jours après la première. Le Fonds souverain russe et l’Institut de recherche Gamaleïa ont vanté l’efficacité de Sputnik V, actuellement en phase 3 d’essais cliniques auprès de 40 000 volontaires. Rappelons que le projet de mémorandum d’entente soumis par la société par actions Management Company of Russian Direct Investment Fund (RDIF) à l’Institut Pasteur l’été dernier propose une forme de coopération, qui portera sur le partage d’expertise dans la réalisation d’essais cliniques du vaccin et, si nécessaire, pour l’organisation des essais cliniques en Algérie. Comme il a été également question de la fabrication et la distribution du vaccin à base de vecteur adénovirus Sputnik V mis au point par le Gamaleya National Research Institut d’épidémiologie et de microbiologie contre la Covid-19. Du côté chinois, on a expliqué que la meilleure voie qui permettrait à notre pays un accès rapide au vaccin est sa production en Algérie. «Il s’agirait d’envisager l’acquisition et l’installation de capacités de production en partenariat avec des entreprises chinoises, la participation aux travaux de recherche à travers la conduite en Algérie des essais cliniques de la phase 3 et l’établissement de contacts avec Sinopharm et Sinovac», a t-on fait savoir du côté diplomatique aux responsables du ministère de la Santé.
Djamila Kourta