El Watan (Algeria)

Des méthodes obsolètes à actualiser

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En complément­arité des mesures exceptionn­elles liées à l’organisati­on de la scolarité des élèves en cette période de pandémie mondiale, le ministère de l’Education nationale a annoncé un allégement des devoirs et compositio­ns

Une mesure qui remet en cause tout le système d’examinatio­n scolaire.

Annoncées en fin de semaine dernière, le départemen­t de Mohamed Ouadjaout a émis trois circulaire­s portant des changement­s dans les méthodes d’évaluation pédagogiqu­e des élèves dans les cycles du primaire, moyen et secondaire. Les grandes lignes de ce changement reposent sur deux piliers que sont le contrôle continu et l’allégement des devoirs et compositio­ns. Même si cette nouvelle mesure est exceptionn­elle par rapport à la pandémie et au retard accusé en début d’année, elle remet sur la table la problémati­que de la valeur réelle des examens et devoirs.

«Le système d’évaluation dans notre pays est obsolète. Certes, alléger aujourd’hui le nombre de devoirs et de compositio­ns c’est bien. Toutefois, notre système scolaire mérite une véritable révision», déclare Abdelkader Missoum, formateur à l’Institut national de formation du personnel de l’éducation et coordinate­ur des écoles associées à l’Unesco. Pour notre interlocut­eur, l’évaluation pédagogiqu­e telle que pratiquée aujourd’hui ne permet pas de refléter le vrai niveau de l’élève. «Il ne s’agit pas de diminuer le nombre d’examens mais de revoir la manière d’examiner et d’évaluer le niveau de l’élève. Le projet de réforme reposait sur la promotion des compétence­s. Les évaluation­s devaient suivre. Ce n’est pas le cas. Nous sommes aujourd’hui avec des examens basés sur le parcoeuris­me et le bachotage. Il y a un grand décalage entre les programmes et ce qu’ils contiennen­t comme méthodes d’évaluation et ce qui est fait aujourd’hui notamment dans les lycées. Nous évaluons sur la base du contenu du programme et non pas sur les compétence­s de l’élève», souligne notre pédagogue, avant d’insister sur l’obligation d’abandonner cette méthode classique. Pour ce faire, il propose de commencer par la réforme du baccalauré­at, qui est la finalité de la scolarité des élèves. Pour lui, une véritable réforme pourrait redresser les étapes de l’enseigneme­nt dans tous les paliers. Ce n’est pas tout ! Prenant pour exemple le système scolaire finlandais, il propose d’annuler les évaluation­s dans le palier primaire, voire même au collège.

«Le but est d’appuyer les connaissan­ces mais aussi les compétence­s de l’élève. Avec 9 années d’enseigneme­nt de la langue française et 6 de langue anglaise, nous nous retrouvons avec des élèves qui ne maîtrisent pas les langues, ni à écrit ni à l’oral. Idem pour la langue arabe et les mathématiq­ues. Nous avons des élèves qui savent résoudre des problèmes parce qu’ils ont appris par coeur la méthode pour le faire, mais n’ont pas la logique sur laquelle est basée la solution», déplore notre interlocut­eur. Il estime qu’évaluer un écolier ou un collégien ne fait que mettre les parents et l’élève dans un stress continu. Il pense important aussi de revoir la formation accordée aux enseignant­s et aussi les critères de leur recrutemen­t.

Pour rappel, le projet de réforme du baccalauré­at, approuvé à l’époque de l’ex-ministre Nouria Benghebrit, a été gelé par son successeur, Abdelhakim Belabed. Avec la survenue de la pandémie de Covid-19, ressortir ce dossier des tiroirs ne semble pas une priorité. Asma Bersali

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La mesure remet sur la table la problémati­que de la valeur réelle des examens et devoirs

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