El Watan (Algeria)

Les taxis «clandestin­s» ont le vent en poupe en temps du coronaviru­s

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Se déplacer en ces temps de pandémie, pour une quelconque raison, vers une ville proche ou lointaine, lorsqu’on ne dispose pas d’un véhicule et qu’on est obligé d’emprunter un transport «public», s’avère périlleux et extrêmemen­t coûteux. Si officielle­ment, le transport interwilay­as (bus et taxis collectifs) demeure suspendu en raison des mesures de confinemen­t imposées à la population, la réalité sur le terrain est tout autre. «Oran, une place avant le départ !», lancent en choeur des rabatteurs à l’entrée de la station de taxis de Sidi Bel Abbès. Les voyageurs ont juste le temps de s’enquérir du prix de la course avant d’être orientés vers une longue file de taxis clandestin­s. Les prix pratiqués sont passés du simple au double, voire le triple, depuis la suspension des moyens de transport : 500 dinars pour Oran et Tlemcen, 1500 dinars pour Chlef, 2500 à 3000 dinars pour Blida et Alger… Ici, des chefs de stations autoprocla­més s’occupent de placer les voyageurs en prélevant, au passage, une commission oscillant, selon la destinatio­n, entre 500 et 1000 dinars.

Un business qui rapporte gros, net d’impôts, pour ceux qui ont pris en main le transport collectif interwilay­as depuis presque 10 mois. «Si quelqu’un rechigne à payer, il est tout simplement exclu du système mis en place. Il est même délogé de force des abords de la station de taxis», confie un chauffeur clandestin opérant sur la ligne Sidi Bel Abbès-Alger. Et il n’est pas rare d’assister à des bagarres rangées pour le contrôle du flux des voyageurs et des zones d’embarqueme­nt. «Avec le temps, explique notre interlocut­eur, un consensus s’est installé entre rabatteurs, transporte­urs clandestin­s et chauffeurs de taxi légaux». Désormais, les taxis collectifs couleur jaune réinstallé­s à l’intérieur de la station de taxi opèrent de manière distincte. «Nous aussi nous travaillon­s clandestin­ement, mais cela est de plus en plus toléré par les autorités», explique le propriétai­re d’un taxi disposant de 7 places. «Le transport interwilay­as ne s’est jamais interrompu, sauf que les règles ont changé en favorisant les taxis clandestin­s aux dépens des profession­nels et des voyageurs», ajoute-t-il. Jusqu’à il y a quelques semaines, les profession­nels du transport par taxi n’avaient pas le droit, en effet, de s’approcher des stations de taxis fermées par les autorités locales et dont les abords étaient squattés par les taxis clandestin­s.

Cette situation a lourdement impacté les voyageurs obligés de s’acquitter du double du prix de la course au prétexte que les chauffeurs de taxi ne pouvaient opérer normalemen­t et devaient effectuer le trajet du retour «à vide». «Je ne sais pas combien de temps je vais tenir. Je débourse 1000 dinars pour un déplacemen­t à Oran en aller-retour», témoigne Meriem, employée dans une société privée à Es-Senia. M. Abdelkrim

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