Retour fragile aux équilibres
Remises de peines, procès cassés par la Cour suprême et négociations avec le général Nezzar, condamné à 20 ans de prison par contumace avec mandat d’arrêt international. Quand on est comme ces dizaines d’innocents sévèrement condamnés pour une opinion ou un rassemblement, on peut s’étonner qu’un délit beaucoup plus grave, «complot contre l’autorité de l’Etat et l’armée», soit l’objet de deals secrets. Il n’y a pourtant pas qu’en politique où les voltes-faces sont courantes ; le 5 octobre, le ministre des Transports annonçait l’ouverture des vols à des compagnies privées, mais le 20 décembre, suite à une rumeur d’attribution à des Emiratis, le même ministre affirmait que l’ouverture du ciel au privé «n’est prévue ni dans le programme du président de la République ni dans le plan d’action du gouvernement», «s'attelle à renforcer les performances de la compagnie Air Algérie et valoriser son rôle à l’international». Un cas donc contraire à celui de l’Eniem, alors que la nouvelle Algérie faisait référence au New Deal du président américain Roosevelt enclenché après la crise de 1929, mais visiblement juste par la formule. En 100 jours, le démocrate Roosevelt avait lancé plusieurs mesures sur la monnaie, le système bancaire, l’agriculture et l’industrie avec un «code de bonne concurrence», création d’une allocation chômage, lois transparentes ainsi que de grands travaux créateurs d’emplois. Dans le cas de l’Algérie, plus de 300 jours sont passés et à part des arrestations massives et restrictions dans le domaine des libertés, il n’y a pas eu grand-chose. On peut accuser la pandémie ou la maladie du Président de ce qui est probablement une absence de courage politique, souci de maintenir l’équilibre des pouvoirs politiques et économiques. Roosevelt le disait d’ailleurs à l’époque du New Deal, «la seule chose que nous ayons à craindre est la crainte elle-même». Pour nous, c’est différent, ce que nous craignons est surtout la crainte des dirigeants de changer le modèle rentier.