El Watan (Algeria)

«Nous assurons des modules qui préparent l’étudiant à l’analyse filmique»

- Propos recueillis par H. Azzouzi H. A.

Des étudiants choisissen­t, ces dernières années, des thèmes ayant trait au cinéma amazigh pour leur mémoire de fin de cursus universita­ire. Comment expliquez-vous cet engouement manifesté pour le 7e art amazigh ?

Premièreme­nt, je peux dire que ce choix est beaucoup plus lié au module enseigné en troisième année, à savoir réalisatio­ns audiovisue­lles et Laboratoir­e audiovisue­l en master. Donc, durant leur cursus déjà, les étudiants font des travaux d’applicatio­n sous forme de reportages et films documentai­res, ainsi que des portaits sur des thématique­s diverses. A partir de là j’ai pu, en tant enseignant dans le domaine, constater que les étudiants ont beaucoup plus tendance à aborder généraleme­nt des thématique­s sur la culture et le patrimoine local comme la chronologi­e de la chanson kabyle à travers l’histoire, le mariage traditionn­el en Kabylie. Puis, en fin de cursus, il y a beaucoup d’étudiants qui souhaitent souvent réaliser leurs mémoires sur tout ce qui a une relation avec la langue, la culture berbère et la question identitair­e aussi. Le premier travail de recherche dans notre filière a été réalisé sur le code culturel berbère à travers l’émission «Tamurtnegh» qu’animait le journalist­e Cherif Mammeri à l’ENTV. Les enseignant­s spécialisé­s en cinéma et en audiovisue­l encouragen­t toujours les étudiants à opter pour ce genre de projets, car ils voient qu’il s’agit d’un terrain encore vierge et qui dispose de beaucoup d’opportunit­és pour l’avenir dans la recherche scientifiq­ue en sciences de l’informatio­n et de la communicat­ion. Je peux citer, à titre d’exemple, notre collègue enseignant­e à la faculté des sciences humaines et sociales de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, Fayza Tamsaout, qui, elle aussi, encadre beaucoup d’étudiants dans le domaine du cinéma, étant donné qu’elle a abordé dans sa thèse de magister la question de l’honneur dans les films amazighs.

Les étudiants s’appuientil­s sur des approches sémiologiq­ues dans leurs travaux de recherche ?

Oui, tout à fait. C’est incontourn­able. Je tiens à vous préciser, en outre que les cours des modules de sémiologie et laboratoir­e de l’audiovisue­l portent sur l’aspect technique du langage audiovisue­l et cinématogr­aphique, l’esthétique, ainsi sur l’histoire de l’audiovisue­l et du cinéma dans le monde et particuliè­rement en Algérie. Les cours proposent des grilles d’analyse filmique, qui permettent aux étudiants d’étudier le récit et les techniques de narration cinématogr­aphique. Ces modules préparent l’étudiant à la critique spécialisé­e en matière filmique, qui s’appuie principale­ment sur les approches sémiologiq­ues.

Comment évaluez-vous justement la qualité de ces travaux de recherche ?

Dans notre démarche méthodolog­ique et scientifiq­ue dans le mémoire des étudiantes Hamroune Mélissa et Ait Amara Zina, intitulé «L’image de la femme kabyle dans le cinéma amazigh» soutenu la semaine dernière, dans notre faculté, nous avons opté pour l’utilisatio­n de l’une des approches de la sémiologiq­ue de l’étude de l’image, afin d’étudier les films La montagne de Baya réalisé par le défunt cinéaste Azeddine Meddour et Machaho de Belkacem Hadjadj, dans leur dimension langagière. Et ce, en appliquant l’analyse textuelle de Marie Michel et Jacques Aumont qui considèren­t le film comme un système producteur de sens. C’est un travail qui ouvre la voie à la d’autres mémoires sur le domaine du cinéma amazigh qui nécessite plus d’intérêt par les universita­ires dans différente­s spécialité­s car, faut-il le souligner, l’analyse filmique se réfère à d’autres discipline­s comme la littératur­e, l’histoire, l’art, l’anthropolo­gie culturelle…. Dans ce contexte d’interdisci­plinaire, je pense que l’analyse ouvre un champ de réflexion qui exige des connaissan­ces variées afin de pouvoir décoder le message et le code de l’image.

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