L’Europe redemande la libération de Selahattin Demirtas
Le Conseil de l’Europe a redemandé hier la libération du leader pro-kurde Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016 en Turquie, rapporte l’AFP citant un communiqué. «Selahattin Demirtas doit être libéré de prison et libre d’exercer de nouveau sans plus de délais ses droits politiques dans une société démocratique», ont indiqué dans un communiqué les rapporteurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) pour le suivi de la Turquie. Ancien député et ex-coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, proKurde), Selahattin Demirtas est emprisonné depuis novembre 2016, quelques mois après le putsch manqué de juillet contre le président Erdogan. Il est accusé par Ankara de «terrorisme» et risque jusqu’à 142 années de prison dans son principal procès. «Notre assemblée a souligné à plusieurs reprises que la place des députés est au Parlement, pas en prison», ont-ils ajouté.
«La libération immédiate de Selahattin Demirtas constituerait (...) un signal fort et significatif de la volonté de la Turquie de respecter les jugements» de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ainsi que son «engagement fort» à respecter «les valeurs fondamentales liées à son appartenance au Conseil de l’Europe», vigie des droits de l’homme sur le continent et qui a déjà demandé, en vain, la libération de S. Demirtas, ont estimé les rapporteurs. Emanation du Conseil de l’Europe, la CEDH a rendu mardi un arrêt dans le dossier Demirtas, relevant plusieurs violations de la Convention européenne des droits de l’homme.
L’arrêt, qui exigeait déjà la libération «immédiate» de l’opposant, a suscité hier l’ire du président Erdogan condamnant une «décision entièrement politique» et «hypocrite». Par ailleurs, le tribunal d’Istanbul a condamné hier le journaliste d’opposition Can Dündar, exilé en Allemagne, à plus de 27 ans de prison, pour aide à un groupe terroriste et d’espionnage. Il a reconnu C. Dundar, ancien rédacteur en chef du quotidien d’opposition Cumhuriyet, coupable pour avoir publié en 2015 une enquête affirmant que les services secrets turcs livraient des armes à des groupes islamistes en Syrie.
En mai 2016, Can Dündar a été condamné en première instance à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d’Etat, dans une affaire qui a provoqué la colère du président Erdogan. Mais ce verdict a été annulé en 2018 par une haute cour qui a ordonné un nouveau procès contre C. Dundar pour des accusations d’espionnage comportant une peine plus lourde.
R. I.