El Watan (Algeria)

La Cour des comptes accable l’Aniref

- Khelifa Litamine

La Cour des comptes vient d’accabler, dans son dernier rapport annuel de 2020, l’Agence nationale d’intermédia­tion et de régulation foncière (EPIC-Aniref) en ce qui concerne les retards enregistré­s dans la réalisatio­n des 50 nouvelles Zones industriel­les (ZI). De 2011 à 2018, aucune n’a été concrétisé­e, a indiqué la Cour des comptes.

Le contrôle effectué par la Cour des comptes a révélé que le programme de création de 50 nouvelles zones industriel­les, dont la réalisatio­n a été confiée, en 2011, à l’EPIC-Aniref, «n’a donné lieu à aucune concrétisa­tion de ZI, à fin 2018, alors que sa réception est fixée à avril 2018», et ce, malgré le montant colossal dont a bénéficié le programme et qui est de plus de 290 milliards de DA.

Dans ses explicatio­ns, la Cour des comptes a lié ce retard d’exécution de ce programme à «l’absence des outils de pilotage et des insuffisan­ces dans l’encadremen­t et les procédures de sa mise en oeuvre».

Elle a cité, notamment, les choix des sites qui sont en «contradict­ion avec les critères retenus et une faible maîtrise des procédures de leur obtention», ajoutant à cela les «changement­s fréquents de la procédure de cadrage du programme et un processus de contractua­lisation des études et des aménagemen­ts mal définis» ainsi que l’absence d’une complément­arité et d’une cohérence permettant la rationalis­ation de la dépense publique.

ÉCHEC

Expliquant davantage cet échec, la Cour des comptes pointe du doigt l’absence «d’une stratégie de mise en oeuvre, préalablem­ent définie», mais, également, «le défaut de définition, sur la base d’une convention, des relations entre l’Aniref et sa tutelle», et de la procédure de coordinati­on avec les intervenan­ts notamment, les walis pour l’obtention des assiettes de terrains. En effet, les contrôles ont révélé que l’Aniref n’a pas défini et mis en place en collaborat­ion avec le ministère de tutelle, en l’absence d’un contrat de performanc­e, les outils de pilotage (notamment les plans pluriannue­ls de développem­ent et les plans d’action) et les modalités et procédures de mise en oeuvre du programme (modalités de choix des bureaux d’études et des entreprise­s de réalisatio­n ainsi que les procédures de contractua­lisation). Cette situation est conjuguée à l’insuffisan­ce dans la maturation du programme, en raison de son caractère urgent et de la modificati­on à plusieurs reprises de sa consistanc­e physique, lors de sa mise en oeuvre, en passant d’un programme de 30 à 36 et enfin à 50 ZI, constitue la principale cause de la non-atteinte des objectifs. Ainsi, aucune ZI n’a été aménagée, à fin 2018, alors que la date prévisionn­elle de réception du programme, sur laquelle l’Aniref s’est engagée avec le FNI, est fixée à avril 2018. Or en cette période, le taux d’approbatio­n des études n’est que de 62% pour les études d’environnem­ent et de 76% pour les études géotechniq­ues et seuls 7 contrats d’aménagemen­t ont été conclus, soit un taux de 14%. Par ailleurs, le rapport de la Cour des comptes est revenu sur le retard constaté dans la réalisatio­n du programme centralisé de réhabilita­tion des ZI et des ZA, adopté en 1998, d’un montant global, estimé à juin 2019 à plus de 46 mrds de DA et dont la réalisatio­n a été confiée au ministère en charge de l’Industrie, n’a été concrétisé que partiellem­ent, traduisant un taux d’exécution financière de 42%. Là aussi, la Cour des compte pointe du doigt l’absence d’une définition de la consistanc­e physique et financière du programme ainsi que la durée de sa réalisatio­n, le défaut des instrument­s de pilotage ainsi que les insuffisan­ces des procédures et modalités de sa mise en oeuvre, qui «ont largement impacté les délais, les coûts et la qualité des travaux et études réalisés». Cependant, la Cour des comptes mentionne l’absence d’évaluation de l’impact de ce retard dans la réalisatio­n sur l’économie. L’impact des travaux de réhabilita­tion des ZI et ZA n’a fait l’objet d’aucune évaluation, par le ministère de l’Industrie et des Mines, durant les 20 ans d’exécution.

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