Les projets des zones d’activité traînent à Bouira
Les lenteurs bureaucratiques sapent les initiatives d’investissement, notamment dans la daïra de M’Chedallah qui ne manque pourtant pas d’atouts.
Les six communes composant la daïra de M’Chedallah, à l’est de la wilaya de Bouira, à savoir M’Chedallah, Chorfa, Aghbalou, Ahnif, Ath Mansour et Saharidj, s’enlisent dans d’énormes difficultés. Cette région regroupant une population de plus de 100 000 habitants se trouve asphyxiée par un chômage galopant et une précarité croissante.
Pourtant, ce ne sont pas les potentialités ou la volonté qui manquent pour changer la situation. L’emplacement géographique stratégique de la daïra pourrait la hisser en un pôle économique régional. Elle est le carrefour socioéconomique entre les wilayas de Bouira, Béjaïa, Tizi Ouzou et Bordj Bou Arreridj. La région est traversée aussi par plusieurs routes nationales en plus de l’autoroute Est-Ouest, la pénétrante de Béjaïa et la voie ferrée. Tous ces atouts ne sont pas encore exploités.
Selon des P/APC que nous avons contactés, les pouvoirs publics ont approuvé deux zones d’activité communales (ZAC) et une mini-zone. Cependant aucune de ces infrastructures n’a été concrétisée sur le terrain. Les dossiers qu’ils avaient déposés il y a trois années ont souffert des lenteurs administratives, des réserves et opposition de certains organismes et directions étatiques et du manque du financement pour les futures viabilisations.
«Les pouvoirs publics misent beaucoup sur la création de ces zones d’activité à travers le territoire national pour absorber le chômage et permettre aux communes de s’autofinancer à travers les recettes fiscales. Cependant, sur le terrain, la mission est parsemée d’embûches. Un ex wali de Bouira nous a promis, lors d’une visite effectuée à Ath Mansour en 2009, de réaliser une zone d’activité et ce à travers l’acquisition d’un terrain de 21 hectares auprès d’un privé. La promesse n’a pas été honorée», dira un élu à l’APC d’Ath Mansour. Même le projet d’un port sec prévu dans la même commune sur une assiette de 10 hectares a été délocalisé vers une autre wilaya en 2014.
L’ÉCUEIL DU FONCIER
Quant à une ancienne mini-zone du chef-lieu de M’Chedallah, datant des années 1980, elle n’est d’aucune utilité pour l’économie de la région. Les quelques hangars de cette infrastructure ne sont pas occupés par de vrais investisseurs.
Le manque des ressources financières complique davantage la situation des communes de la daïra. Leurs budgets alloués dans le cadre des Plans communaux de développement (PCD) ont été réduits au tiers. Les APC ne peuvent lancer que quelques opérations de faible impact sur la vie des citoyens.
En outre, les quelques initiatives des investisseurs privés sont confrontées à plusieurs contraintes. En premier lieu l’accès au foncier. Tous les terrains au niveau des six communes de la daïra sont du domaine privé de l’Etat, essentiellement des exploitations agricoles collectives sous-exploitées, ou appartiennent à des particuliers. L’acquisition d’une assiette foncière coûterait une somme faramineuse.
A titre d’exemple, un mètre carré est cédé à plus de 10 000 DA dans la commune de Chorfa. Face au manque d’offres d’emploi, la seule alternative pour les jeunes chômeurs de la région est de se tourner vers le commerce informel. Le phénomène a pris des proportions alarmantes ces deux dernières années. Les trottoirs des villes et les accotements des routes nationales sont squattés par des dizaines de marchands. Tout se vend et s’achète, fruits et légumes, vêtements, poulets, accessoires, etc.
La daïra de M’Chedallah accuse aussi un manque en infrastructures à l’instar d’une gare routière ou d’une station de bus digne de ce nom. Tout ce qu’il y a, un arrêt des bus au cheflieu de M’Chedallah dépourvu de toutes les commodités. On n’y trouve ni abribus, ni bancs d’attente, ni commerces ou toilettes publiques.