L’architecture comme pilier de notre identité
Qui mieux qu’un architecte d’Etat, l’auteur Bardou Bachir, fils des Aurès, peut et se fait le devoir de lever le voile sur une facette du patrimoine architectural aurésien. Un patrimoine architectural aurésien pourtant répertorié comme connu, or l’auteur, surtout l’architecte, nous fournit la preuve qu’il n’en est rien sur plus de 170 pages, dans son beau et riche ouvrage : Aurès,
identité , architecture, tourisme . A la lecture de cet ouvrage initiatique , dont le titre est plus qu’indicateur – Aurès, identité, architecture et
tourisme, l’auteur nous fournit la preuve par quatre que nous ne connaissons par grand chose des Aurès et que nous l’avons réduit à deux ou trois wilayas, principalement Batna, dite capitale, or la région est plurielle (les Aurès) plus de
200 km de Biskra à Souk Ahras, l’Aurès se prolonge dans le sud du pays, pays natal de l’auteur, et pénètre même au pays voisin la Tunisie, l’autre nous réserve bien des surprises. Page après page, l’autre explique, montre, démontre, schémas et images à l’appui sur terrain, la richesse inouïe que recèle cette région, qui n’est autre que le pays natal de l’auteur, sans pour autant lui donner l’exclusivité ou le monopole de ce patrimoine. Comme un scientifique qui se respecte, il avance avec hypothèses, probabilités, mais il faut faire parler le terrain. Un chercheur, Bardou Bachir, affirme que le terrain est encore vierge pour la recherche, la prospection et que rien ou presque n’a été fait et que beaucoup reste à faire et dans tous les domaines. Les ouvrages consacrés à la région sont majoritairement de l’époque coloniale, il est impératif que des Algériens se penchent sur leur patrimoine, leur identité. Originaire du sud des Aurès, Bardou Bachir Akbache Mzirâa, daïra de Zribet el oued ( wilaya de Biskra) peu connue , du moins connue que par les Aurèsiens de la montagne, Bardou Bachir refuse le repli et le cantonnement , bien au contraire et voit plus loin que les Aurasiens. Lors d’une rencontre, il nous confit : « Je n’ai pas réfléchis deux fois pour prendre mon bâton de pèlerin et sillonner la région en dépit de mes moyens réduits, pour rendre visible une richesse que je considère inestimable : richesse de la faune, de la flore, des différentes variétés d’animaux sauvages qui vivent encore dans la région, mais aussi et surtout de l’architecture qui est la poutre maîtresse de ma recherche et spécialité, avec un point d’orgue, les greniers qui sont menacés, car jamais entretenus, mais oubliés et négligés.» En effet, les greniers dans les Aurès, dont certains, comme celui de Balloul, s’élèvent tels des buildings, alors que leur construction remontent à des siècles. Comment peut-on négliger, cacher, oublier, mépriser une telle prouesse, nous dit l’auteur avec beaucoup d’amertume. Le grenier d’Iguflen de Balloul, de Kbach, dans une écriture alerte, l’architecte craint le pire et se dit peu optimiste à l’avenir de ces greniers qui, chez nos voisins (Maroc) sont entretenus et constituent bien évidement une attraction touristique, et qui dit touristes, dit rentrée de devises. Un ouvrage d’un architecte de terrain, mais surtout d’un enfant de la région, soucieusx et inquiet de voir le legs et savoir-faire des ancêtres, périr à jamais.