El Watan (Algeria)

Entre les paroles et les actes

- Y. Ouahib

Le processus de renouvelle­ment des ligues de wilaya, en cours, a été marqué par plusieurs contestati­ons et recours de membres d’assemblées générales mécontents du déroulemen­t de l’opération. Il y a de quoi avec le maintien des experts alors que cette frange, qui avait cours avant la promulgati­on de juillet 2013 et le décret exécutif 14-330 du 27 novembre 2014, ne doit plus faire partie de la composante de l’assemblée générale à partir des deux dates indiquées. Pourquoi les ligues de wilaya ont-elles maintenu le collège des experts ? La réponse est facile à deviner. C’est pour maintenir la situation en l’état et garantir le statu quo en prévision des futures assemblées générales. Pourtant, le président de la fédération avait affirmé à plusieurs reprises que les experts ne feront plus partie des assemblées générales des ligues. Le 27 octobre 2018, il a déclaré à Sidi Moussa : «Il faut savoir que le bureau fédéral a commencé la procédure de mise en conformité des ligues. Nous avons tracé un programme de mise en conformité durant l’année 2019.» L’année 2020 est à sa fin et point de mise en conformité. Interrogé sur le même sujet, le membre du bureau fédéral et coordinate­ur des ligues, Amar Bahloul, affirmait sur le plateau de Dzair News, le 25 juin 2018 : «Nous allons vers l’organisati­on des assemblées générales constituti­ves, à l’instar de ce que nous avons fait avec l’ancienne LFP, avec comme date butoir le 31 décembre 2018.» Cet engagement n’a pas été tenu. Le 22 mars 2020, la fédération a affiché sa volonté de ne pas toucher aux experts, en demandant aux ligues de wilaya de lui transmettr­e la liste des 8 experts choisis. La missive de la fédération va à contre-courant de la déclaratio­n du président Kheiredine Zetchi, qui une année plutôt, le 24 mars 2019, avait annoncé sur le plateau de la télévision publique : «Dans le cadre des réformes engagées, nous avons exclu les experts des assemblées générales à travers la suppressio­n de l’article concernant cette catégorie (les experts). Nous avons indiqué aux ligues qu’elles ont la totale liberté de permettre à tout membre de l’assemblée générale de postuler au poste de président de la ligue.» Cet engagement public n’a pas été tenu. Des membres de plein droit de l’assemblée générale ont été privés du droit de présenter leur candidatur­e pour l’élection au poste de président de la ligue, et ce, en contradict­ion avec l’article 4 des statuts de la FIFA (2019) qui traite de «la non-discrimina­tion, égalité et neutralité». La FAF avait donné le ton sur ses intentions de laisser se dérouler les élections de 2020 avec la présence des experts, et ce, à travers son communiqué du 1er mars 2020, qui va à l’encontre des déclaratio­ns des deux responsabl­es cités, qui précise : «La FAF rappelle que les élections se tiendront selon les statuts actuelleme­nt en vigueur, même si plusieurs de leurs articles sont dépassés et ne répondent pas à certains principes d’indépendan­ce, mais que les statuts seront actualisés une fois que ceux de la FAF feront l’objet d’une mise en conformité selon les exigences de la FIFA.» Cela a le mérite d’être clair. C’est un discours ambivalent. Le président et le coordinate­ur des ligues ont déclaré que les experts ne font plus partie des assemblées générales et la fédération écrit le contraire et reconnaît que «plusieurs articles des statuts en vigueur sont dépassés en ne répondent pas à certains principes d’indépendan­ce…» Ce double langage dénote d’une stratégie et d’un objectif aujourd’hui clairement affichés. Tout cela sous le regard indifféren­t, pour ne pas dire complice de la tutelle et des Directions de la jeunesse et des sports (DJS), qui supervisen­t l’opération renouvelle­ment des instances et structures sportives. L’article 181 de la loi du 23 juillet 2013 sert de tapisserie à l’heure de la transgress­ion de la loi, des statuts et règlements.

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