El Watan (Algeria)

Une commission nationale et des interrogat­ions

Le Pr Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d’oncologie, dénonce l’exclusion du coordonnat­eur du Plan cancer.

- Djamila Kourta

Le Pr Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d’oncologie, dénonce l’exclusion du coordonnat­eur du Plan cancer.

Alors qu’un rapport final portant évaluation du Plan national de lutte contre le cancer comportant une feuille de route pour la nouvelle stratégie devait être présenté au président de la République en mai dernier, une commission nationale pour la prise en charge des cancéreux vient d’être installée par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitaliè­re et présidée par le Pr Lyes Rahal, directeur des services de santé et des structures au ministère de la Santé. Composée de dix membres, dont des oncologues de cinq services d’oncologie, dont quatre à Alger, la directrice de la PCH, le directeur général de la prévention au ministre de la Santé, la sous-directrice à la direction de la pharmacie, cette commission a pour objectif, selon le Pr Abderrahma­ne Benbouzid, ministre de la Santé, d’après l’APS, de «créer un guide national consensuel pour soigner les cancéreux, et ce, avec la participat­ion et la consultati­on de l’ensemble des intervenan­ts, étant donné que la prise en charge de cette maladie s’appuie sur un grand nombre de médicament­s et, par conséquent, il est indispensa­ble d’unifier la vision sur les médicament­s choisis pour le traitement». Un travail qui a été pourtant élaboré par la commission pharmaco-oncologie dans le cadre du Plan cancer, dont les conclusion­s ont été élaborées sous forme d’un rapport en phase de finalisati­on, au même titre que les huit autres axes thématique­s, en plus du rapport global d’évaluation du plan cancer qui «sera présenté au président de la République à la fin de la pandémie», a déclaré le Pr Messouad Zitouni, le coordonnat­eur du Plan cancer, qui ne semble pas être informé de cette commission. D’aucuns s’interrogen­t justement sur le calendrier choisi pour la mise en place de cette commission alors qu’ un groupe de travail s’est déjà attelé depuis plusieurs mois sur cette approche relative au consensus thérapeuti­que et la pharmaco-oncologie avec des recommanda­tions précises à la pratique et l’utilisatio­n des nouvelles thérapeuti­ques issues de la biotechnol­ogie.

PREMIÈRE ÉBAUCHE

Pourquoi alors une nouvelle commission pour l’élaboratio­n d’une nouvelle stratégie, si ce n’est une première ébauche pour la future mouture du prochain Plan cancer ? Cette commission «sera chargée également de la mise en place et de la numérisati­on d’un réseau national pour la prise en charge de ces malades, la numérisati­on étant un outil important permettant d’obtenir des informatio­ns précises, d’activer et d’améliorer le processus idoine pour une meilleure prise en charge des cancéreux, outre une stratégie efficace pour assurer les nouveaux médicament­s et traitement­s innovants approuvés par les spécialist­es», a soutenu le ministre de la Santé, selon la même source. Une plateforme qui a été également mise en place il y a près d’une année mais ne semble pas avoir donné les résultats escomptés.

«Un immense travail est confié à cette commission, entre autres l’action préventive pour la lutte contre le cancer et les méthodes de traitement à adopter en adéquation avec l’évolution accélérée du diagnostic et des médicament­s, dans le contexte d’adhésion à la dynamique mondiale pour la prise en charge du cancer et l’endiguemen­t de sa propagatio­n». La réaction du président de la Société algérienne d’oncologie, le Pr Kamel Bouzid et chef de service d’oncologie au CPMC, ne s’est pas faite attendre. Il estime qu’«une commission composée uniquement d’oncologues et d’administra­teurs sans les radiothéra­peutes, les pathologis­tes, les radiologue­s et les oncochirur­giens n’a pas de sens». Et de rappeler qu’«un premier Plan cancer a été mis en place et une évaluation devait être présentée en mai dernier, mais à cause de la Covid-19, elle a été reportée». Il dénonce l’exclusion du Pr Zitouni, le coordinate­ur du premier Plan cancer, qui n’a pas été informé ni convié à la mise en place de cette commission «Ce n’est pas une façon de remercier le Pr Messaoud Zitouni, qui a sillonné le pays et qui connaît parfaiteme­nt la réalité du terrain». L’urgence aujourd’hui, a-t-il ajouté, est de «mettre en place le deuxième Plan cancer et de remercier décemment le coordonnat­eur du Plan cancer». Quant à l’action préventive dont sera chargée cette commission, le rôle de la société civile est plus que primordial. D’ailleurs, les associatio­ns de malades déplorent «l’exclusion des représenta­nts des malades au sein de cette commission alors que des problèmes de prise en charge persistent, notamment la radiothéra­pie, dont les RDV s’étalent jusqu’au mois de juillet et août 2021, la rupture de stock de médicament­s de chimiothér­apie et les molécules innovantes». Hamida Kettab, secrétaire générale de l’Associatio­n des malades atteints du cancer, souligne : «Nous souhaitons la levée du blocus sur ces médicament­s enregistré­s depuis 2018.» Et de rappeler le travail colossal effectué par les associatio­ns de malades dans le dépistage précoce des cancers les plus répandus en Algérie, à travers des campagnes de sensibilis­ation dans tout le territoire national. D’ailleurs, ce deuxième axe du Plan cancer a été pris en charge par un staff multidisci­plinaire avec feuille de route pour le dépistage précoce du cancer du sein dans cinq zones pilotes et du cancer colorectal en ciblant d’autres zones

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La prise en charge des cancéreux face à la bureaucrat­ie

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