La Turquie prévient le maréchal Khalifa Haftar
Le criminel de guerre, le meurtrier qu’est Haftar et ses forces doivent savoir qu’ils seront considérés comme des cibles légitimes en cas d’attaque contre les forces turques.» C’est ce qu’a déclaré, samedi soir, lors de sa visite en Libye, le ministre de la Défense turc, Hulusi Akar, dont le pays soutient le Gouvernement d’union nationale (GNA) dans le conflit en Libye, selon l’AFP. «S’ils franchissent ce pas, ils ne pourront trouver aucun endroit où fuir (...), tout le monde devrait revenir à la raison», a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse. Et d’observer : «Ce qui compte, c’est que tout le monde contribue à une solution politique. Toute autre action ne pourra qu’être mauvaise.» Au premier jour de sa visite à Tripoli samedi, le ministre turc a discuté avec des responsables libyens des moyens de riposter à une éventuelle nouvelle offensive de Haftar, selon un communiqué du Haut Conseil d’Etat (HCE, pro-GNA).
Le soutien militaire turc a permis aux forces pro-GNA de mettre en échec une offensive des pro-Haftar lancée en avril 2019 pour s’emparer de la capitale libyenne, Tripoli. En juin, après la progression des forces du GNA face à celles du maréchal, le président égyptien a proposé un cessez-le-feu, le retrait des mercenaires et le démantèlement des milices en Libye. L’initiative est rejetée par Ankara et le GNA. Ce gouvernement, basé à Tripoli et reconnu par l’Organisation des Nations unies (ONU), contrôle depuis l’ensemble du nord-ouest du pays. Un cessez-le-feu signé en octobre sous l’égide de l’ONU est respecté jusque-là. Les parties rivales ont renoué en conséquence. Mais de profondes divisions sur le choix d’un nouvel Exécutif de transition retardent l’issue du conflit.La menace du ministre de la Défense turc intervient après l’appel jeudi du maréchal Haftar à ses partisans à reprendre les armes pour «chasser l’occupant» turc. «Nous devons rappeler aujourd’hui qu’il n’y aura pas de paix en présence d’un colonisateur sur notre terre», a déclaré le maréchal, en allusion à Ankara. «Nous allons donc reprendre les armes pour façonner notre paix de nos propres mains (...) et, puisque la Turquie rejette la paix et opte pour la guerre, préparez-vous à chasser l’occupant par la foi, la volonté et les armes», a-t-il indiqué dans un discours à l’occasion du 69e anniversaire de l’indépendance du pays, à Benghazi (est).
Le même jour, Fayez Al Sarraj a exhorté, depuis Tripoli, les Libyens à «tourner la page des désaccords pour aboutir à la stabilité». D’où la nécessité de «la solidarité entre forces politiques». Aussi, il a qualifié les conclusions des pourparlers engagés sous l’égide des Nations unies, notamment l’organisation d’élections le 24 décembre 2021, d’«une opportunité historique qu’il ne faut pas laisser passer».
Le Parlement turc a adopté mardi dernier une motion prolongeant de 18 mois l’autorisation de déployer des «militaires» en Libye, pays plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar El Gueddafi en 2011. Une option qui s’inscrit dans le cadre du rapprochement entre Ankara et le GNA, traduit par un accord de coopération militaire et sécuritaire et un accord controversé de délimitation maritime conclus en novembre 2019 entre Fayez Al Sarraj et le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Ces traités ont provoqué des frictions avec des pays voisins, comme l’Egypte et la Grèce.