Les dimensions d’un virus
Le petit virus crée de grands chamboulements. Toute la planète en pâtit. Il s'incruste jusque dans les études scientifiques pour mieux déclencher des réactions très contradictoires. La polémique enfle alors entre sommités internationales, au point où des radiations sont prononcées à l'encontre de certains professionnels et d’autres sont poursuivis en justice par leurs pairs. Chez nous, le comité scientifique chargé du suivi de la pandémie connaît depuis peu quelques remous non encore expliqués. S’agit-il d’un différend profond autour de la stratégie à suivre à l’approche de la campagne de vaccination, ordonnée par le président de la République, ou tout simplement d'une question d’ego mise en avant par certains de ses membres influents. Il va sans dire que le virus n’a pas atteint uniquement le corps scientifique. Le monde politique s’en sert à son tour et manoeuvre en code Covid. Des alliances se forment en la circonstance pour peser devant le poids de quelques puissances décidées à faire main basse sur les vaccins encore au stade de la mise au point. Cette course effrénée à l’antidote a transcendé les traditionnels blocs idéologiques et stratégiques. L’éclipse forcée des principes et intérêts géopolitiques a été presque parfaite devant l’impératif sanitaire national. Le monde libre occidental, comme on l'appelle de coutume, a ainsi laissé paraître des fissures dans sa composante habituelle. La guerre des masques, survenue sur les tarmacs des aéroports au début de la pandémie, se renouvelle cette fois-ci dans l’enceinte même des laboratoires en phase de production des vaccins prometteurs. L’occasion est aussi saisie au vol par certains pour rappeler aux autres une certaine gloire du temps passé. Le nom choisi pour le premier vaccin annoncé publiquement ne manque pas de rappeler alors le déf i de la conquête spatiale menée âprement par les deux puissances rivales mondiales. Le nouvel enjeu représenté par la course à la découverte du vaccin salvateur relance la défiance et la quête à la suprématie. L’influence sur les rapports internationaux ne sera que renforcée. Le produit des laboratoires sera, aussi longtemps que persistera la menace du virus, une carte gagnante dans l’échiquier politique international ; un joker diplomatique de plus entre les mains des tenants des grands laboratoires pharmaceutiques. Le black-out observé par les médias occidentaux au sujet des vaccins développés par le bloc de l’Est (Chine-Russie) renseigne, à s'y méprendre, sur le parti pris annonciateur dans cette nouvelle guerre nourrie à la Covid. Dans ce grand tumulte sanitaire mondial, il se trouve que les pays moins nantis sont absents de toutes les données et prévisions de sortie de crise. Leur situation est aussi inquiétante que les autres populations touchées par la pandémie, à moins que leur sort ne soit déjà scellé, car d’office soumis au chantage technologique.