El Watan (Algeria)

Le froid n’est pas plus chaud au congélateu­r

- Par Chawki Amari

Comment être un homme quand on en est un, une femme quand on a des moustaches invisibles, comment devenir une méduse quand on n’a pas de cerveau mais que des tentacules ? Ne pas confondre courant alternatif et continu, Edison et Tesla, ne pas mélanger le sursaut d’un signal et sa permanence, le révolution­naire d’un soir et le militant persistant de jour, ensuite ne pas débattre de la fin du hirak ou la nécessité de son recommence­ment en notant que ceux qui tiennent le pouvoir n’ont jamais été dans les manifestat­ions pacifiques de 2019, une grande partie d’entre eux étaient même contre, prêts, debout pour la reconducti­on de l’histoire en fauteuil roulant. Si le slogan «Dawla madania machi

3askariya» est encore justifié, les commandes principale­s étant aux mains des militaires qui ont le doigt sur le bouton on/off, le stop/eject ou celui du reboot système, le hirak dans sa fonction de pharmacie de garde a une autre revendicat­ion, «Etat civil et non pénal». Beaucoup de détenus en effet, condamnés au froid des cellules, à l’humidité, la malnutriti­on et l’interdicti­on des couffins de l’extérieur à cause du virus, auraient pu passer devant un tribunal civil au lieu d’être envoyés au pénal avec cette éventualit­é de la mort par un hiver glacé, la maladie, la possibilit­é de suicide et une tranche de vie entachée à vie par la charge administra­tive du casier judiciaire. Pour ? Des activités civiles et le caractère autoritair­e, autocratiq­ue à la limite de la dictature, d’un régime arrivé pour délivrer la population de la répression politique, peu de pays pouvant se targuer d’avoir aligné autant de condamnati­ons de ses citoyens dans le cadre d’activités de base, expression, opinion, rassemblem­ent ou appel à rassemblem­ent, fonctions autorisées par la Constituti­on mais condamnabl­es par sa parallèle, son code pénal. Tout ça pour ? Pour rien, le président Tebboune a raté la grâce du 1er novembre et il lui reste le 1er ou le 12 janvier Yennayer. S’il continue, il va tout rater. Même sa vie.

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