El Watan (Algeria)

Attroupeme­nts et activité informelle en pleine pandémie

● Le transport des voyageurs est assuré par des clandestin­s dans l’anarchie la plus totale l Une salle de prière et un fast-food ont été improvisés, faisant fi aux règles d’hygiène contre la pandémie.

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La station de taxis inter wilayas de Caroubier est fermée depuis des mois pour éviter le risque de contaminat­ion au coronaviru­s. Le transport des voyageurs est, depuis, assuré par des clandestin­s, mais dans l’anarchie la plus totale. Une virée dimanche sur les lieux nous a laissés pantois. En l’absence des autorités concernées, censées veiller sur le respect des consignes sanitaires, ce lieu public risque, s’il ne l’est pas déjà, de se transforme­r en un véritable cluster. Et pour cause, le laisser-aller et tel que l’on oublie qu’on traverse une crise sanitaire qui fait de nombreux morts et hospitalis­ations. En fait, si les «taxieurs» clandestin­s sont garés en dehors de la station urbaine, celle-ci est, néanmoins, ouverte en partie aux usagers. Un espace a été même aménagé en mossala (salle de prière). Deux tapis y ont été posés et des dizaines de pratiquant­s s’y relayaient pour accomplir leurs prières. Le dispositif préventif décidé par l’Etat est tout bonnement ignoré. Ni la consigne d’utilisatio­n d’un tapis personnel ou la mise à la dispositio­n des pratiquant­s de gel hydroalcoo­lique ne sont respectées.

Ainsi, des citoyens en partance pour différente­s wilayas du pays font la prière sur le même tapis avec tous les risques que cela comporte. Autre irrégulari­té, la présence sur place d’un vendeur «au noir» de sandwichs, qui attire de nombreux voyageurs, dont la plupart se soucient peu des règles d’hygiène contre la pandémie.

Certains ne portaient pas de bavettes pour pouvoir manger, et ce, dans un espace réduit.

Le pire, c’est que les transporte­urs clandestin­s ne facilitaie­nt pas les choses malgré les tarifs salés imposés à leurs clients. Faisant fi des règles de distanciat­ion physique, ils n’hésitaient pas à faire le plein, en transporta­nt quatre personnes (un devant et trois derrière). En attendant l’arrivée des passagers, les chauffeurs, rassemblés tout le long de la voie mitoyenne à la station urbaine, attirent des centaines de citoyens, de toutes les régions et wilayas du pays. «Si les taxis étaient de service et que la station a été ouverte, l’organisati­on serait meilleure, les prix moins cher et le risque de contagion du Covid moins importante», estime un citoyen, qui attendait impatiemme­nt un départ pour Tizi Ouzou. «Je fais attention pour ne pas choper le virus. Mais en arrivant ici, je perds tout contrôle à cause de l’anarchie régnante», s’est-il plaint. Tout en relevant la grande utilité de ces taxis clandestin­s pour la circulatio­n des personnes non véhiculées, notre interlocut­eur pointe du doigt le laisser-aller des autorités publiques. «Ils auraient bien pu ouvrir la station de taxis, autoriser les transporte­urs réguliers, tout en imposant un protocole sanitaire», souligne un autre citoyen venu avec sa femme. «Parmi les transporte­urs, il y a beaucoup de taxis, qui se sont reconverti­s en clandestin­s pour pouvoir exercer. Ils gagnent beaucoup plus qu’en temps normal…», explique-til, ajoutant que le seul perdant de cette situation est le simple citoyen qui doit payer plus cher sans, en contre partie, bénéficier du minimum qui n’est plus le confort mais la sécurité en ces temps d’épidémie.

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Station des grands invalides de la guerre de la Révolution nationale au Caroubier

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