El Watan (Algeria)

IMMIGRATIO­N / DES NON-DITS

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Dans une contributi­on publiée par l’Express, Hakim El Karoui(*) rappelle quelques vérités et réalités qui sont souvent omises, voire occultées dans les débats sur l’immigratio­n. Ainsi en est-il de «l’excessive concentrat­ion géographiq­ue» des population­s immigrées ou de leur «contributi­on à la protection sociale» de la population générale.

El Karoui souligne «un phénomène que les polémiques ne prennent jamais en compte» : «l’extrême concentrat­ion du phénomène depuis trente-cinq ans. A partir des années 1980 s’amorce une dynamique de densificat­ion de la population immigrée en Ile-de-France.» La part des immigrés dans la population francilien­ne est ainsi passée de 13% en 1982 (contre 7,4% en France métropolit­aine) à 19 % en 2015 (contre 9,2% à l’échelle nationale). A lui seul, le départemen­t de Seine-Saint-Denis compte 29% d’immigrés (dans le Val-de-Marne, 21% et à Paris, 20%).

«Les charges sociales prélevées sur le travail financent 85% du coût total des pensions et 61% du financemen­t total de la protection sociale». Alors qu’on entend souvent dire que les transferts sociaux (allocation­s familiales et RSA, notamment ) vont vers les immigrés, El Karoui soutient que sur les 730 milliards d’euros de la protection sociale, 480 milliards sont destinés aux retraités. Or «la population immigrée est comparativ­ement beaucoup plus jeune que la le reste de la population française». «En conséquenc­e, la Seine-Saint-Denis départemen­t le plus pauvre de France (le taux de pauvreté y est 2 fois supérieur à la moyenne nationale), le plus jeune et celui qui compte la plus grande part d’immigrés, est aussi le huitième contribute­ur au financemen­t de la protection sociale en France mais le dernier receveur.»

«Les immigrés des grandes métropoles, installés à proximité des zones les plus riches de France, bénéficien­t de l’accès à un marché de l’emploi abondant dans des secteurs qui demandent peu de qualificat­ion : les services à la personne, l’hôtellerie­restaurati­on, les transports, la logistique, des secteurs souvent délaissés par la population non immigrée». Et «si la moitié des habitants de la Seine-Saint-Denis l’ont quittée en dix ans, c’est parce qu’une bonne partie d’entre eux a pris l’escalier social, grâce à ce formidable bassin d’emploi qu’est Paris. A l’inverse, leur disponibil­ité à proximité immédiate du marché permet de limiter les coûts de ces services peu qualifiés».

Quand on parle d’immigratio­n, observe l’analyste, «on évoque la plupart du temps les problèmes – réels – que pose ce phénomène. N’oublions pas d’en comprendre les sources. Et de relever aussi ce qui va bien». N. B.

Essayiste, auteur de Les quartiers pauvres ont un avenir, un rapport pour l’institut Montaigne dont il est consutant.

14 867 Algériens naturalisé­s français en 2018

En 2018, le nombre de personnes ayant acquis la nationalit­é française était de 110 014.

Sur les 61,9% de ressortiss­ants africains naturalisé­s français au cours de cette même année, les Magrébins arrivent en tête avec respective­ment 15 390 Marocains, 14 867 Algériens et 6687 Tunisiens.

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